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vendredi 12 avril 2013

L'empereur, c'est moi - Hugo Horiot

L'empereur c'est moi est l'autobiographie du comédien Hugo Horiot, autiste asperger. Hugo nous raconte dans ce livre son enfance et son adolescence à partir de l'âge de 4 ans. Il a parlé très tard, vers l'âge de 7 ans, était fasciné par tout ce qui tourne parce que la terre et toutes les planètes tournent, il était fasciné aussi par les tuyaux car ceux-ci rentrent dans le sol mais on ne sait pas où ils vont, il n'avait qu'une envie : retourner dans le ventre de sa mère. A l'origine, il s'appelait Julien, mais, se disant que Julien était son ennemi, qu'il fallait le tuer, il a demandé à sa mère de changer son prénom, elle a opté pour Hugo. C'est à partir de ce moment là qu'il a commencé à parler. Sa mère n'a jamais voulu laisser l'institution prendre en charge son fils (et si elle l'avait fait, il serait sans doute en hôpital psychiatrique aujourd'hui). A l'école, au collège puis au lycée, il a été le bouc émissaire de ses camarades et ses professeurs n'ont pas été tendres non plus avec lui, personne n'acceptait sa différence. Le livre se termine par un texte de sa mère, l'écrivain Françoise Lefèvre, qu'elle a rédigé après la lecture du récit de son fils.

J'ai beaucoup aimé ce livre, j'ai trouvé ce témoignage très intéressant car il nous fait entrer dans la tête de l'enfant. On comprend que ses manies et ses angoisses sont dues à une très grande intelligence, s'il est fasciné par ce qui tourne, c'est parce qu'il pense aux planètes et se demande pourquoi le soleil, lui, ne tourne pas et il a très tôt conscience de la mort. L'attitude des gens m'a révoltée, en particulier celle du professeur de français : Hugo nous raconte qu'elle a convoqué ses parents pour leur dire que leur fils parlait un langage "trop soutenu" et qu'il fallait qu'il se mette au niveau des autres ! Comment un professeur de français peut-il reprocher à un élève de parler un langage soutenu ? Exerçant le même métier que cette dame, je me bats tous les jours pour que mes élèves parlent comme Hugo et bannissent les "vas-y !", "chai pas c'est quoi" et autres ; si c'est cela la normalité, alors je préfère la différence... A la fin du récit, Hugo Horiot nous explique que la France utilise des méthodes dépassées voire monstrueuses : j'ai ainsi découvert la méthode du "packing" qui s'apparente à de la torture. C'est donc une lecture qui m'a beaucoup plu, peut-être parce que j'ai dû, à une certaine période, m'intéresser à ce sujet et qu'il me touchera, je pense, pour toujours...

Voici le premier chapitre de ce récit :

"Je m'appelle Julien. Julien Hugo Sylvestre Horiot, mais on m'appelle Julien. J'ai quatre ans. Je suis très sage. Trop sage. Quand quelque chose ne me plaît pas, je me mets en colère. Trop en colère. Je crie. Je crie, mais sans paroles.

Je ne parle pas.

Souvent, je fais des gestes répétitifs. Ce que j'aime particulièrement, c'est les roues. Sans doute parce que la Terre tourne sur elle-même, que la Lune tourne autour de la Terre, qui tourne autour du Soleil. Ca, c'est mon père qui me l'a dit. Mais le Soleil, autour de quoi il tourne ? Ca, il ne me l'a pas dit. Peut-être parce que je ne lui ai pas demandé ? De toute façon, je ne demande jamais rien à personne. Je connais l'ordre des lettres. Je sais même comment on fabrique les mots avec, c'est ma mère qui me l'a appris. Ensemble, nous avons dessiné l'alphabet et les chiffres sur le mur de ma chambre. Je sais compter aussi. Très bien et très vite. Je peux compter dans ma tête toute la journée si je veux. Sans m'arrêter. Mais je ne parle pas, pas même à ma mère. Le seul à qui je prends la peine de parler, c'est mon pire ennemi : Julien. Uniquement en tête à tête quand je suis seul avec lui. Je le hais. Je vais le tuer.

Je sais très bien que je vais mourir.
Tout ça continuera sans moi.
Et je ne renaîtrai pas.
Pas comme ça.

Bref, j'ai quatre ans et j'en suis là."

Hugo Horiot est passé à la télévision dans l'émission 7 à 8, voici la vidéo :

 
 

4 commentaires:

  1. Une maladie qui commence à sortir de l'ombre, c'est bien.

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    Réponses
    1. Oui, les attitudes du corps médical et des gens sont en train de changer.

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