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lundi 29 décembre 2014

Le Poison d'amour - Eric-Emmanuel Schmitt

Le Poison d'amour, dont la couverture fait magnifiquement écho à L'Elixir d'amour dont nous avons parlé précédemment met en scène quatre adolescentes, elles ont 16 ans et sont en classe de première : Julia, Colombe, Raphaëlle et Anouchka. Alors que dans L'Elixir d'amour, nous assistions à un échange épistolaire, ici, il n'y a pas d'échange puisque nous lisons le journal intime de chaque jeune fille. Ce changement de procédé a cependant l'avantage, contrairement à la lettre, de nous faire entrer directement dans les pensées les plus secrètes des personnages. Encore une fois, donc, Eric-Emmanuel Schmitt nous place dans une position de "voyeur" afin de décortiquer le sentiment amoureux et, plus précisément ici, ce qui fait que l'amour peut être un piège. Nos quatre jeunes filles n'ont sous les yeux que des exemples de couples malheureux, détruits (à une exception près), comment vont-elles faire, elles, pour échapper à ce poison ? Y parviendront-elles ?

Ce court roman nous permet de poursuivre la réflexion entamée avec L'Elixir d'amour. On pourrait croire l'auteur pessimiste mais je ne pense pas, encore une fois, il faut lire le livre jusqu'au bout pour se faire son opinion. La lecture de ce texte est très agréable, l'écriture de l'auteur est toujours limpide, on tourne les pages sans s'en rendre compte. De plus, j'ai été frappée par la précision, la justesse avec laquelle E.E Schmitt a su retranscrire l'adolescence, j'ai parfois totalement retrouvé l'adolescente que j'étais au détour de certains passages questionnant l'amour et l'amitié.

Au lycée où sont scolarisées ces filles, le professeur de théâtre va monter Roméo et Juliette pour le spectacle de fin d'année, le parallèle est bien sûr fait entre les deux héros mythiques et le questionnement des protagonistes. Une analyse surprenante, mais très intéressante, de la pièce est même faite par Julia, j'en suis restée songeuse ...

Je ne peux que vous encourager à lire le bijou que nous offre (comme toujours) Eric-Emmanuel Schmitt !

Voici un extrait du roman, il s'agit du journal d'Anouchka :

"Ce matin, j'ai profité des trois heures où il n'y avait personne pour m'enfermer dans la chambre des parents et me scruter sur l'unique glace en pied de notre appartement.
Il ne faisait pas froid, cependant, me dénuder en cet endroit où d'ordinaire je circule habillée m'a donné des frissons.
J'ai essayé de m'examiner sans préjugés, je le jure ! Eh bien franchement, en toute impartialité, je ne ressemble pas à ce que j'aime ...
D'abord, j'ai vu une étrangère. La fille aux genoux rapprochés écrevisse, aux bras trop longs, aux seins déséquilibrés, au sexe qu'elle camouflait de ses doigts maigres n'avait rien à voir avec Anouchka, l'Anouchka que je suis, enfin que j'étais, que je connais depuis toujours.
Ensuite, le reflet que j'avais sous les yeux n'évoquait pas une adulte. Oh, j'accepte de quitter l'enfance mais à condition de devenir une femme. Pas ça ! Je m'apparente au chaînon manquant. Ca part dans tous les sens, ça se fout de la symétrie, ça n'est pas harmonieux, ça sent, ça prend des couleurs saugrenues et ça se couvre d'éléments parasites. En résumé, je sécrète du poil, des boutons, de la graisse et des odeurs.
Elle s'enclenche mal, ma vie. Impossible de séduire encombrée d'un corps pareil, même s'il s'arrange un peu ! Mon salut se réduit au dicton qui atteste que "tous les goûts sont dans la nature". Oui, il y aura peut-être un jour un garçon débile qui me trouvera potable... Mais me plaira-t-il ce crétin ? [...]"




samedi 27 décembre 2014

L'Elixir d'amour - Eric-Emmanuel Schmitt

L'élixir d'amour d'Eric-Emmanuel Schmitt fait de nous les lecteurs indiscrets de l'échange par mail qu'entretiennent Louise et Adam. Les deux personnages ont été amants par le passé et ils vivent maintenant à des milliers de kilomètres l'un de l'autre : Louise vit à Montréal et Adam à Paris. Quand Adam contacte Louise, il lui propose une relation amicale que la jeune femme refuse. Les deux personnages correspondent malgré tout et Louise se demande s'il existe, comme dans Tristan et Iseult, un philtre d'amour, autrement dit, s'il existe un moyen de créer l'amour...

Ce bref roman est très prenant. Comme toujours, l'écriture d'Eric-Emmanuel Schmitt m'a emportée dans son univers. Le débat, parfois vif, parfois cynique, parfois d'un pessimisme redoutable, nous amène à réfléchir sur l'amour et plus précisément sur cette chose inexplicable qui fait que deux êtres humains vont tomber amoureux. Certaines phrases m'ont laissée songeuse : "Le dégoût est l'une des formes de l'obsession : on préfère y penser avec malaise que ne pas y penser", "Quand vous ne chercherez plus le bonheur, vous serez exaucée" ou encore "La beauté du premier amour vient de ce qu'il n'est pas encore hanté par sa fin, on y croit le présent éternel, on ignore l'épuisement" ...

Les personnages sont attachants, même si Adam m'a agacée plus d'une fois, la proximité créée par la lecture de ses mails a fait que j'avais l'impression de le connaître. J'ai adoré la position dans laquelle E.E. Schmitt nous place : nous sommes des "voyeurs", lecteurs d'un courrier qui ne nous est pas destiné et j'avais envie de me joindre à la conversation des deux anciens amants.

L'auteur a su jouer brillamment avec le rythme : certains mails sont très courts, voire laconiques alors que d'autres sont bien plus longs. De plus, l'action alterne avec la réflexion sur un rythme qui ne laisse pas le temps au lecteur de s'ennuyer.

Quant à la fin de ce roman ... je n'en parlerai pas, je préfère que vous le lisiez !

Encore une fois, E.-E. Schmitt montre qu'il est un grand, un très grand écrivain.


Voici un extrait de ce roman, il s'agit du début de la première lettre, écrite par Adam :

"Louise,
Si tu m'écoutes, bonjour.
Si tu ne m'entends pas, adieu.
Selon ta réaction, cette lettre constituera le début ou la fin de notre correspondance.
Devant moi, un soleil flétri se lève et je contemple Paris auquel octobre donne la pâleur d'une bête indisposée, tourmentée par les feuilles mortes, incommodée par les circulations tapageuses, avide d'une paix qui tarde. Vivement l'hiver. La langueur de l'été s'efface et la capitale s'impatiente d'obtenir le froid, le sec, le clair. Deux saisons suffisent à une ville, la suffocante et la glaciale.

Louise, transformons notre passion blessée en affection sereine. Crois-moi, durant ces dernières années j'ai apprécié davantage en toi que ta peau, tes cuisses ou nos étreintes, j'ai aussi adoré la femme que tu es, ton intelligence piquante, ta répartie, tes moqueries, tes enthousiasmes. Pourquoi l'éloignement me priverait-il de cette merveille ? Suis-je condamné à te perdre ? Le sexe demeurerait-il l'unique ticket d'accès ? [...]"

Pour notre plus grand plaisir, l'auteur a publié un second livre dans lequel il poursuit son analyse du sentiment amoureux, nous en parlerons la prochaine fois...




lundi 22 décembre 2014

Les Fourmis, Tome 1 - Bernard Werber

Ce roman, publié en 1991, est celui qui a fait connaître Bernard Werber. La genèse de ce roman est en elle-même très intéressante : l'auteur débuta ce premier roman immédiatement après l'obtention de son baccalauréat, il consacra au moins quatre heures par jour à l'écriture. Quelques années plus tard, il entreprit des études de journalisme et rédigea la première version des Fourmis. Lauréat du prix du meilleur jeune reporter de la Fondation News, il obtint une bourse d'étude en 1983, ce qui lui permit d'effectuer un reportage en Côte d'Ivoire sur les fourmis magnans dont il est question dans son roman. Il installa même une fourmilière dans son appartement afin d'étudier le comportement des insectes. Il rencontra l'éditeur Albin Michel en 1990 et celui-ci l'invita à retravailler son manuscrit. En mars 1991, la version finale du roman parait aux éditions Albin Michel après douze ans de travail.

Une histoire de fourmis ? Mais que peut bien nous raconter l'auteur ?

Jonathan hérite de la maison de son oncle, Edmond Wells, un éminent biologiste et entomologiste. Il s'installe avec sa famille. Tout pourrait aller pour le mieux mais deux mystères viennent occuper les esprits des nouveaux habitants : pourquoi l'oncle Edmond leur a-t-il interdit de descendre dans la cave ? et quelle est la résolution de l'énigme suivante : "comment réaliser quatre triangles équilatéraux avec six allumettes ?"
Parallèlement à cette histoire, nous faisons connaissance avec des personnages peu communs : des fourmis. L'une d'entre elle propose à la 327e mâle de partir en chasse mais l'expédition ne se déroule pas comme prévu : de nombreuses fourmis meurent foudroyées mais pas la 327e mâle qui doit alors avertir les autres du danger.

Ce roman est extrêmement original à plusieurs titres : tout d'abord, évidemment, les personnages sont hors du commun, j'ai déjà lu des romans ayant pour héros des souris ou des chats, mais jamais d'insectes. De plus, l'auteur a accompli un travail d'observation et de documentation titanesque et cela se voit, on apprend un tas de choses sur les fourmis, leur vie, leur société... Enfin, le texte est parsemé de réflexions sur l'Homme, la vie, les relations humaines, j'ai bien aimé par exemple celle-ci : "Il n'y a pas de meilleure technique de combat que celle qui consiste à attendre que ton adversaire se détruise tout seul." ... à méditer ...
Je dois toutefois avouer que, même si je reconnais que ce roman est novateur et qu'il est bourré de qualités, la magie n'a pas opéré, je me suis ennuyée et c'est la seconde fois avec Bernard Werber ces derniers temps (La Troisième humanité m'avait aussi déçue). La raison ne vient pas du thème mais simplement du fait que les remarques scientifiques ainsi que les descriptions de combats ne sont pas ma tasse de thé, de plus, l'écriture ne m'a pas éblouie ... Malheureusement, je n'ai pas envie d'aller plus loin dans l'univers de cet auteur.

Voici un extrait situé dans les premières pages du roman, il s'agit de la description du 327e mâle :

"Parmi les douze fourmis éveillées figure un mâle reproducteur. Il est un peu plus petit que la moyenne de la population belokanienne. Il a des mandibules étroites et il est programmé pour ne pas vivre plus de quelques mois, mais il est aussi pourvu d'avantages inconnus de ses congénères.
Premier privilège de sa caste en tant que sexué, il possède cinq yeux. Deux gros globuleux qui lui donnent une large vision à 180°. Plus trois petits ocelles placés en triangle sur le front. Ces yeux surnuméraires sont en fait des capteurs infrarouges qui lui permettent de détecter à distance n'importe quelle source de chaleur, même dans l'obscurité la plus totale.
Une telle caractéristique s'avère d'autant plus précieuse que la plupart des habitants des grandes cités de ce cent millième millénaire sont devenues complètement aveugles à force de passer toute leur existence sous terre."

dimanche 7 décembre 2014

Marcovaldo ou les saisons en ville - Italo Calvino


Marcovaldo est manœuvre, il vit dans le nord de l'Italie avec sa femme et ses enfants dans un grande ville. Nous sommes dans les années 1950-1960. Le problème, c'est que Marcovaldo déteste la vie urbaine, il préfère la nature et est toujours à l'affut de champignons, bécasses au milieu de ce paysage gris et anguleux. Ce recueil de 20 nouvelles retrace les aventures souvent très drôles de Marcovaldo. Ce personnage tantôt naïf, tantôt maladroit est très attachant. De plus, l'écriture d'Italo Calvino réussit le tour de force d'être à la fois poétique mais en même temps très accessible. C'est un recueil que l'on peut apprécier à partir de 10-12 ans je pense. Les plus grand pourront percevoir une critique de la vie en ville dans laquelle les hommes, privés de la nature vivent dans l'ennui et la frustration.

Dans la première nouvelle, Marcovaldo découvre de minuscule champignon sur le bitume. Il n'en croit pas ses yeux et espère qu'ils vont grossir afin d'en faire un bon repas pour sa famille...

Voici les premières lignes de cette nouvelle :

" Printemps
1. Des champignon en ville
 
Venant de loin, le vent apporte à la ville des cadeaux insolites que remarquent seuls des êtres sensibles, ainsi en est-il de ceux que le pollen de fleurs de contrées lointaines fait éternuer.
Un jour, sur le bord de la plate-bande d'une avenue de la ville, tomba, on ne sait d'où, une volée de spores ; et des champignon y germèrent. Personne ne s'en aperçut, sauf le manœuvre Marcovaldo qui, chaque matin, prenait justement le tram à cet endroit-là."              

Italo Calvino (1923-1985) est un auteur italien, romancier et fabuliste. Il a fait partie de l'OuLiPo et s'est essayé au fantastique. Il a aussi rédigé des ouvrages de théorie littéraire.



     

samedi 29 novembre 2014

13 à table !

13 à tables ! est un recueil de nouvelles écrites par 13 auteurs français de renom : Françoise Bourdin, Maxime Chattam, Alexandra Lapierre, Agnès Ledig, Gilles Legardinier, Pierre Lemaitre, Marc Levy, Guillaume Musso, Jean-Marie Périer, Tatiana de Rosnay, Eric-Emmanuel Schmitt, Franck Thilliez et Bernard Werber.

Pour chaque livre acheté, 3 repas seront distribués par les Restos du cœur cet hiver. Ainsi, non seulement vous passerez un bon moment en compagnie de vos auteurs préférés, mais en plus, vous ferez une bonne action, pourquoi se priver ?

Toutes ces nouvelles  ont pour thème commun le repas, la nourriture mais les genres sont très variés : intrigues policières, histoires de familles, de l'amour, de la peur, de la poésie etc.
J'ai beaucoup aimé la nouvelle d'Alexandra Lapierre qui met en scène une jeune femme "nullissime en cuisine" (je ne connaissais pas cette auteure récompensée par le Grand Prix des Lectrices de Elle 1994, mais cette nouvelle m'a donnée envie de la découvrir davantage). Celle de Maxime Chattam dans laquelle nous rencontrons un psychologue face à un patient très étrange m'a aussi beaucoup plu. J'ai adoré celle de Tatiana de Rosnay intitulée "Le Parfait" : Monique marie sa fille et se charge de l'organisation de la fête, situation stressante en elle-même, mais quand "Mamie", sa belle-mère de 90 ans, femme désagréable au possible qui veut décider de tout, s'en mêle, il y a de quoi péter les plombs ... j'ai beaucoup ri ! Mais celle que j'ai préférée, rien de surprenant quand on connaît mes goûts littéraires est celle d'Eric-Emmanuel Schmitt : "La Part de la Reine". Cette nouvelle nous fait faire la connaissance de Clovis, un sans-abri. Je n'en dis pas plus, il faut lire cette histoire pleine de poésie, je préfère citer les premières lignes :

"Deux mystères m'intriguaient durant mon enfance : que deviennent les oiseaux en hiver, et où disparaissent les clochards ?
Fin mars, l'air pique, le ciel conserve la pâleur des frimas, les arbres plaquent sur leur écorce de courts furoncles qu'on appelle des bourgeons, bref, la nature engourdie semble peu décidée à changer mais au firmament des chants retentissent, joyeux, familiers, colorés, annonçant le proche déferlement de la lumière, tandis que, devant les bâtiments publics, les mendiants se réinstallent, sourire aux lèvres.
A mes yeux, oiseaux et clochards détenaient un privilège : reliés au cosmos par des forces secrètes, ces initiés savaient ce qu'ignoraient les mortels ordinaires, quand une saison meurt, quand naît la nouvelle."

Quels que soient vos goûts, vous trouverez forcément votre bonheur parmi ces 13 textes. En ce qui me concerne, il n'y en a que deux que je n'ai pas aimés car ils n'étaient, selon moi, pas dans le thème du repas et je ne suis pas friande du style de ces auteurs : il s'agit des nouvelles de Marc Lévy et Guillaume Musso, mais peut-être les adorerez-vous, tout est une question de préférence.

Je ne peux que vous encourager à acheter ce livre, pour 5 euros, vous passerez un bon moment et vous permettrez aux Restos du cœur de distribuer 3 repas ! Une occasion comme celle-là ne se manque pas !





lundi 24 novembre 2014

Calme et attentif comme une grenouille - Eline Snel

Il ne s'agit pas d'un roman donc je vais parler aujourd'hui mais d'un livre qui explique aux parents les bienfaits de la méditations pour leurs enfants. On y trouve des explications très claires ainsi qu'un CD avec des séances très courtes d'exercices de 4 à 10 minutes adaptés aux enfants de 5 à 12 ans.

Etant en train de me former moi-même à la sophrologie, j'ai sauté sur ce livre, telle une grenouille, quand je l'ai vu dans ma librairie. J'étais justement à la recherche d'exercices adaptés à ma fille qui a 5 ans. J'ai été conquise ... et elle aussi !
Tout d'abord, le livre : il est très clair, limpide. L'auteure, thérapeute originaire des Pays-Bas et formatrice pour psychologues et instituteurs, nous explique ce qu'est la pleine conscience et pourquoi la pratique de la pleine conscience est bénéfique pour nos enfants et pour nous. Elle nous donne une foule de conseils pour la maison, pour que nos enfants soient attentifs, pour les aider à gérer leurs émotions etc. Ce que j'ai vraiment apprécié est qu'elle s'exprime dans un langage simple, accessible et cela rend la lecture de cet ouvrage très agréable.
Maintenant, le CD : c'est Sara Giraudeau qui a prêté sa voix ... j'adore cette voix douce, féminine et enfantine à la fois, on ne peut que se détendre en l'écoutant. J'ai fait plusieurs exercices avec ma Choupette. Nous nous installons dans sa chambre, nous nous laissons guider, toutes les deux et sa marche ! Nous nous sentons tantôt calmes comme des grenouilles tantôt toutes molles comme des spaghetti. Un jour, j'ai même surpris ma fille se mettre le CD pour elle toute seule dans sa chambre et faire un exercice !

Bref, si vous avez un enfant entre 5 et 12 ans, qu'il soit stressé, agité ou non, faites-lui ce beau cadeau, comme l'écrit Christophe André dans la préface, il s'en servira toute sa vie !

Vous pouvez visiter la page Facebook du livre.

Voici un extrait du livre :

"Qu'est-ce que la pleine conscience ?
La "pleine conscience", c'est simplement être présent de façon consciente, comprendre ce qui se passe maintenant, en adoptant une attitude d'ouverture et de bienveillance. Etre présent ici, dans l'instant, sans juger, sans rejeter ce qui se passe maintenant, être dans l'ici et maintenant.
Si vous êtes présent à ce que vous vivez au moment où vous vous levez le matin, lorsqu'on vous demande quelque chose, lorsque vous remarquez le moindre sourire de vos enfants ou que vous participez aux petits et aux grands conflits, alors vous n'êtes pas dans vos idées, vous êtes ici. De cette façon, vous économisez votre énergie, vous voyez ce qui ce passe pendant que cela se passe. Cette présence consciente et bienveillante génère des changements dans votre attitude et vos comportements, envers vous-même et envers vos enfants. Cela se réalise plus ou moins spontanément. Cela vient de l'intérieur, sans qu'il soit besoin d'agir."


Et voici un extrait du CD pour apprendre à méditer comme une grenouille, écoutez et testez, je suis sûre que vous allez être conquis!

 
 
 
 


dimanche 23 novembre 2014

Nymphéas noirs - Michel Bussi

Cela fait quelques temps que j'avais envie de lire un roman de Michel Bussi. J'avais adoré Un avion sans elle et Ne lâche pas ma main et je n'avais lu que des éloges sur ses Nymphéas noirs. De plus, ma participation à un concours d'écriture présidé par lui m'a donné encore plus envie de me replonger dans l'un de ses livres.

L'histoire se déroule à Giverny, le village où le peintre Claude Monet a vécu. Le cadavre de Jérôme Morval est retrouvé le crâne fracassé et noyé dans l'Epte. L'inspecteur Laurenç Sérénac mène l'enquête. Il est amené à rencontrer la jolie institutrice, Stéphanie Dupain. Celle-ci encourage ses élèves à participer à un concours de peinture organisé par la Fondation Robinson qui cherche de jeunes talents. Fanette, une enfant de 11 ans, est très douée, elle a toutes ses chances. La police mène son enquête, et patauge entre plusieurs pistes, et dans le village, une vieille femme, surnommée "la sorcière", surveille tout le monde ...

Dès la première ligne, j'ai été conquise ! Michel Bussi a le don de semer la confusion dans nos esprits. On se croit intelligent, on est persuadé d'avoir trouvé la solution, mais ce serait mal connaître cet auteur talentueux ! Quand j'ai réellement compris ce qui s'était passé, j'ai été époustouflée, la fin est magistrale ! Je n'en dirai bien sûr pas plus ...
J'ai aussi été très intéressée par toute les informations sur Monet et les impressionnistes qui, l'auteur nous le précise en prologue, sont réelles. Saviez-vous, par exemple, que le peintre avait fait détourner un cours d'eau pour créer un étang et peindre ses Nymphéas ?
Il est aussi question du roman Aurélien d'Aragon et du poème du même auteur "Nymphée" : "Le crime de rêver, je consens qu'on l'instaure". Michel Bussi m'a donné envie de relire cet auteur que j'aimais beaucoup quand j'étais étudiante (Ah ! La première phrase inoubliable d'Aurélien : "La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide.")
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde durant ma lecture : il s'agit d'un livre non seulement divertissant, que dis-je, prodigieux, mais aussi instructif. En quelques heures, je suis passée par toutes sortes d'émotions. Nymphéas noirs est un immense coup de cœur pour moi, je vous le recommande vivement !

Voici les premières lignes du roman, si mon commentaire ne vous a pas convaincu, préparez-vous à l'être ici :

"Trois femmes vivaient dans un village.
La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste.
Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny.
La première habitait dans un grand moulin au bord d'un ruisseau, sur le chemin du Roy ; la deuxième occupait un appartement mansardé au-dessus de l'école, rue Blanche-Hoschedé-Monet ; la troisième vivait chez sa mère, une petite maison dont la peinture aux murs se décollait, rue du Château-d'Eau.
Elles n'avaient pas non plus le même âge. Pas du tout. La première avait plus de quatre-vingts ans et était veuve. Ou presque. La deuxième avait trente-six ans et n'avait jamais trompé son mari. Pour l'instant. La troisième avait onze ans bientôt et tous les garçons de l'école voulaient d'elle pour amoureuse. La première s'habillait toujours de noir, la deuxième se maquillait pour son amant, la troisième tressait ses cheveux pour qu'ils volent au vent.

Vous l'avez compris. Toutes les trois étaient assez différentes. Elles possédaient pourtant un point commun, un secret en quelques sortes : toutes les trois rêvaient de partir. Oui, de quitter Giverny, ce si fameux village dont le seul nom donne envie à une foule de traverser le monde entier juste pour s'y promener quelques heures.
Vous savez bien pourquoi. A cause des peintres impressionnistes."






samedi 22 novembre 2014

Madame n'a jamais cessé de bouquiner et elle reprend du service



Après 10 mois d'absence, je suis de retour. J'ai momentanément laissé ce blog de côté durant ma participation au Grand Prix des Lectrices de Elle 2014. Ces lectures et la rédaction de mes critiques pour le magazine m'ont pris beaucoup de temps. De plus, j'ai eu envie de me tourner vers d'autres horizons, sans rapport avec la littérature... j'aurai peut-être l'occasion d'en parler plus tard.

Non seulement je n'ai pas cessé de lire, mais je me suis aussi lancée dans un concours d'écriture parrainé par Nolim Carrefour et présidé par Michel Bussi intitulé "jedeviensécrivain". Le premier prix est un contrat d'auteur avec les éditions Ipanema ! Il fallait écrire une nouvelle à chute en 30000 à 40000 caractères (espaces compris) Cliquez ICI pour accéder à toutes les nouvelles et si vous souhaitez lire la mienne intitulée "Avec préméditation". Vous pouvez aussi, si le cœur vous en dit, voter pour celle que vous préférez.



L'année dernière, C'est Maud Lecoq qui a remporté le premier prix et elle vient de publier un recueil de nouvelles intitulé Nouvelles au bord de la falaise, je ne l'ai pas encore lu mais c'est prévu, à suivre ...





lundi 20 janvier 2014

Passion arabe - Gilles Kepel


Passion arabe est le journal que l’expert du monde arabe Gilles Kepel a tenu de 2011 à 2013. Il raconte et explique deux ans de révolutions dans les pays arabes (Egypte, Tunisie, Libye etc.) que l’on a nommées « printemps arabes ».

 Dès la réception de ce livre, je l’ai ouvert au milieu, là où l’on trouve des photos d’une extrême violence. Cette vision a réduit à néant mon envie de le lire… Pourtant, il fallait que je le fasse pour le prix ELLE, et heureusement ! Oui, ce document parle de violence, de révolution, il montre la dureté de notre monde, il n’est pas facile à lire mais est extrêmement riche et passionnant. Mes connaissances sur le monde arabe étaient très minces voire inexistantes, j’ai donc beaucoup appris en lisant ce document. De plus, tout ce dont parle l’auteur est d’actualité, j’ai donc pu relier les événements racontés à ce que j’avais entendu des événements en question. Enfin, ce livre m’a permis de découvrir tout un monde, une civilisation que je ne connaissais que de loin, que par l’intermédiaire des média. Cette lecture m’a fait voyager, il s’agissait, certes, d’un voyage pour le moins particulier, mais ce voyage m’a passionnée. C'est le pouvoir de la littérature : elle peut nous faire voyager dans des lieux ou l'on n'ira jamais sans nous faire bouger de notre fauteuil.
De plus, l’auteur fait part, comme le titre l’indique, de sa passion pour le monde arabe, et cela rend son livre d’autant plus intéressant.

 Cependant, je dois avouer que cette lecture a été pour moi difficile : non seulement je n’avais aucune connaissance de base sur le sujet traité (j’ai parfois dû arrêter ma lecture et faire des recherches sur les noms des personnes évoquées) mais le style de l’auteur a été aussi pour moi difficile à lire : ses phrases sont longues, il est facile de « décrocher », ma lecture a été très lente. En outre,  j’ai eu le sentiment qu’il s’adressait à des lecteurs initiés et qu’il ne faisait pas d'effort de vulgarisation pour les néophytes comme moi (des notes aurait été, selon moi, nécessaires pour rendre le propos plus accessible). Malgré tout, ce document est pour moi un livre que j'ai prévu de relire dans quelques mois afin de mieux le comprendre.

 

Voici un extrait situé au début du livre :

"Mercredi 16 mars 2011
Laissez-passer pour Gaza
Neuf heures moins cinq : un coup de fil d'un jeune diplomate du consulat général à Jérusalem, qui a été mon étudiant, m'informe que le Shabak, la DST israélienne, a accepté que je passe le poste frontière d'Erez pour aller aujourd'hui même dans la bande de Gaza.
Depuis quinze jours, nous jouons au chat et à la souris pour obtenir cette autorisation, appelée "coordination" et qui arrive, comme d'habitude quand elle est accordée, à la toute dernière minute. Chaque fois que je suis invité en Israël, je vais également en Cisjordanie et à Gaza, mais cela demande des négociations interminables qui mobilisent une foule d'intermédiaires.
Au cours de mon voyage précédent, en 2009, après l'opération "Plomb durci" contre le Hamas, on m'avait à la dernière minute refusé l'entrée dans un territoire alors transformé en champ de ruines par les bombardement de l'aviation israëlienne. Les autorités de l'Etat hébreux ne souhaitent pas qu'un universitaire français arabisant constate de visu l'ampleur des dégâts. Echaudé, j'ai alerté cette fois-ci des ambassadeurs, un vice-Premier ministre, des responsables de services spéciaux actifs et retraités, bref, tout le saint-frusquin, mais j'y suis arrivé : je dispose d'une fenêtre de quelques heures pour passer, et je dois partir immédiatement."

 

 
 

samedi 18 janvier 2014

Esprit d'hiver - Laura Kasischke


Ce roman, intitulé Esprit d’hiver, de l'auteure américaine Laura Kasischke se déroule le matin de Noël. Holly est seule avec sa fille adoptive Tatiana. Elle doit préparer le repas traditionnel  pour ses invités mais elle se lève avec une drôle d’angoisse, une phrase tourne en boucle dans son esprit : « Quelque chose les avait suivi depuis la Russie jusque chez eux ». La Russie, c’est là qu’elle et son mari ont adopté Tatiana, il y a de cela treize ans. Holly ne cesse de penser à l'adoption et pendant ce temps, la neige ne cesse de tomber et les invités se décommandent, la mère et la fille sont seules et Tatiana a un comportement de plus en plus inquiétant.

 Ce roman est un huis-clos, l’exercice est difficile car le resserrement d’une intrigue dans un seul lieu avec peu de personnages peut très vite lasser le lecteur. Cependant, on ne reste pas cloitrés avec les personnages : les souvenirs de la mère sur l’adoption en Russie sont non seulement nécessaires à l’histoire, mais ils permettent aussi de s’évader de ce huis-clos. Malgré tout, par moment, en particulier au début, je me suis ennuyée. J’ai trouvé la mise en place de l’intrigue longue et insuffisamment « accrocheuse ». Heureusement, à d’autres moments, au milieu de l’œuvre surtout, on se pose de plus en plus de questions, les souvenirs de Holly sont obsédants, on sent qu'il se passe quelque chose de pas très net... j’avais très envie de savoir comment allait se conclure cette histoire. L’auteure est habile car la révélation n’arrive qu’à la toute fin du roman. J’ai été très surprise par la fin... Je ne peux bien évidemment pas en dire plus, mais cette fin ne peut pas laisser indifférent...

Un bémol important toutefois : la traduction m’a surprise, j’ai trouvé (entre autres) une confusion masculin/féminin qui n'a pas lieu d’être quand un livre est publié : le narrateur parle d'un flacon et on lit :  "elle la prit dans les mains de Tatty" au lieu de "elle le prit..." Ce type d'erreur décrédibilise totalement le travail de l’auteure.  L'éditeur Christian Bourgeois aurait-il fait l'économie d'un correcteur ? Pour le prix Elle, je n'ai pas tenu compte de ces erreurs pour ma notation, je me suis attachée uniquement au travail de l'auteure, néanmoins, j'ai été gênée.
 
Voici la première page du roman :
 
"Noël, 20--
Ce matin-là, elle se réveilla tard et aussitôt elle sut : Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux.
C'était dans un rêve, pensa Holly, que cette bribe d'information lui avait été suggérée, tel un aperçu d'une vérité qu'elle avait porté en elle pendant - combien de temps au juste ?
Treize ans ?
Treize ans !
Elle avait su cela pendant treize ans, et en même temps elle l'avait ignoré - c'est du moins ce qui lui semblait, dans son état de demi-veille, en ce matin de Noël. Elle se leva du lit et s'engagea dans le couloir en direction de la chambre de sa fille, pressée de voir qu'elle était là, encore endormie, parfaitement en sécurité.
Oui, elle était là, Tatiana, un bras blanc passé sur un couvre-lit pâle. Les cheveux bruns répandus sur l'oreiller. Si immobile qu'on aurait dit une peinture. Si paisible qu'on aurait pu la croire..."
 

vendredi 3 janvier 2014

Bilan 2013 et ... bonne année 2014 !

Tout d'abord, je vous souhaite une


Je vous souhaite la joie, la santé et de beaux moments de lecture !

Et voilà, l'année 2013 s'est écoulée. Celle-ci fut littérairement riche pour moi : tout d'abord, ce blog, créé en 2010, était laissé à l'abandon et je l'ai repris en mars 2013.
J'ai ainsi pu participer à plusieurs challenges : "Je lis aussi des albums" de Hérisson (en cours), "Le Printemps coréen" de Coccinelle (terminé), "Le challenge Kafka" de Coccinelle aussi (pas commencé mais c'est prévu...), "Le pavé de l'été" de Brize (terminé) et "Le tour du monde en 8 ans" de Herald in Hell (en cours).

J'ai aussi participé à deux partenariats à l'occasion de la rentrée littéraire : "Les Matchs de la rentrée littéraire de Priceminister" et "Les chroniques de la rentrée littéraire". En outre, je fais participer l'une de mes classe au Prix littéraire des collégiens de Haute-Savoie.

Enfin, ma candidature pour le Grand Prix des lectrices de Elle a été acceptée, je fais donc partie de cette grande aventure depuis fin juillet, date à laquelle j'ai reçu mon premier colis. C'est une expérience extrêmement enrichissante mais aussi extrêmement prenante. En effet, mon absence sur ce blog ces derniers temps est due en partie à mon activité professionnelle très chargée en novembre et décembre mais également à la charge aussi lourde que gratifiante d'être jurée d'un prix littéraire. J'avoue que je n'ai, en ce moment, le temps de lire que les livres envoyés par ELLE. J'ai un peu de retard dans la publication de mes billets mais j'espère que les mois qui viennent (professionnellement moins chargés) me permettront d'être d'avantage présente sur la toile !

Durant cette année, j'ai décerné, chaque mois (ou presque ...) le coup de cœur du mois à un livre. Il est le moment de décerner le "coup de cœur de l'année 2013".


Les nominés sont : Tout s'est bien passé d'Emmanuelle Bernheim (document), Cherchez la femme d'Alice Ferney (roman), Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan (document), Cœur de Pierre de Gautier et Almanza (BD), Quartier lointain de Jirô Taniguchi (BD) et La Petite fille de M. Linh de Philippe Claudel (roman).



 
And the winner is ... (roulements de tambour) ...
 


 
Quartier lointain de Jirô Taniguchi pour deux raisons. La première raison est que cette œuvre m'a permis de me réconcilier avec la BD en général et m'a fait découvrir le genre du manga dont j'ignorais tout. La seconde raison est qu'en observant ma liste, je me suis aperçue qu'elle ne comportait que des histoires tristes sauf Quartier lointain (même si certains éléments sont tristes, ce n'est pas une œuvre qui peut faire pleurer contrairement à toutes les autres) et j'ai une envie irrépressible d'optimisme !!!



Et nous voilà repartis pour une nouvelle année. Les six premiers mois seront marqués par le prix ELLE : je continuerai (humm... "je recommencerai" serait plus juste...) à vous faire part de mes lectures pour le prix et, si j'arrive à m'organiser comme je le souhaite, je devrais participer à deux événements : des rencontres avec des auteurs au salon du livre de Paris (en mars) et la remise du prix ELLE (en juin) - et ce sera aussi l'occasion d'une rencontre que j'attends avec impatience : celle avec mes amies virtuelles du prix !!! (J'ai hâte de vous voir les filles !!!) Sans oublier le salon du livre de Genève (début mai) où je ferai, très probablement, ma petite visite annuelle, ainsi que Quai du Polar à Lyon que je ne veux pas manquer cette année. Bon, ça fait beaucoup, mais j'essayerai ! Les six mois suivants seront marqués par un certain "retour à la liberté" concernant mes choix de lecture, je retrouverai ma PAL (que j'ai pris soin de ne pas trop agrandir - en revanche, je ne vous cache pas que ma LAL fait plusieurs milliers de kilomètres de long !)
Je vous dis donc à très bientôt !