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dimanche 29 septembre 2013

Cherchez la femme - Alice Ferney


Dans Cherchez la femme, roman d’Alice Ferney, tout commence avec l'histoire de Vladimir et de Nina, ils font connaissance, se marient et ont un premier fils : Serge. Serge grandit et, après plusieurs aventures, rencontre Marianne qu'il épouse. Le roman raconte l'histoire de ce couple.
L’originalité et la force de ce roman résident en particulier dans deux caractéristiques. Tout d’abord, l’auteure débute non pas par la rencontre entre Serge et Marianne mais par celle entre Vladimir et Nina, les parents de Serge. En lisant le roman, on comprend parfaitement pourquoi : l’histoire des parents, l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants etc. conditionnent les histoires d’amour de ceux-ci. J’en viens donc à la seconde caractéristique qui fait, selon moi, la force de ce roman et qui en fait, n’ayons pas peur des mots, un chef d’œuvre : la psychologie des personnages est minutieusement détaillée, expliquée. Alice Ferney décrit ses personnages avec tant de finesse et d’intelligence que chaque lecteur est susceptible de se retrouver dans un personnage. Ce fut le cas pour moi, je me suis par moments identifiée à Marianne et me suis beaucoup attachée à elle. Tous les sentiments sont analysés : l’amour, le désir, la haine, la perfidie… Le narrateur omniscient nous parle de ses personnages sans complaisance, c’est aussi un aspect que j’ai beaucoup aimé. Non seulement les protagonistes sont critiqués quand ils le méritent, mais en plus les « bons sentiments » n’ont pas leur place dans ce roman. Par exemple, la maternité n’est pas idéalisée, elle est décrite simplement de la manière dont la vivent les personnages, Nina est loin d’être béate devant la sienne et on ne peut que compatir avec elle quand on lit ceci : « Elle découvrait une seconde fois l’inégalité cruciale : pendant qu’elle se sentait meurtrie et à bout de forces, Vladimir était intact, en possession de tous ses moyens, fier de sa progéniture qui lui avait si peu coûté. » (p.77)
A de nombreuses reprises, l’auteure fait des réflexions qui peuvent faire écho en nous. « On ne fait pas la vie de l’autre à sa place, pas plus qu’il ne fait la vôtre » (p.106) a eu une résonnance particulière en moi. Tout est fait pour que l’on se laisse emporter par ce roman, j’ai ri, j’ai parfois détesté certains personnages et, cela ne m’était pas arrivée depuis longtemps, j’ai pleuré à la fin de l'histoire.Il faut ajouter pour terminer que l’écriture de l’auteure est fine, élégante et cela fait du bien !Cherchez la femme est donc un roman non seulement d’une grande intelligence mais aussi bouleversant. Merci, Alice Ferney, pour ce roman que je n’oublierai pas !

Voici un extrait du roman situé dans au début de la deuxième partie intitulée "La femme de sa vie", il s'agit du portrait de Marianne :

"Marianne Villette pouvait fatiguer ou exaspérer, jamais ennuyer ou laisser indifférent. Se trouver face à ce tempérament (sa jeunesse, une aspiration à la plénitude et les moyens de l'assouvir) promettait une décharge d'impulsivité. On pouvait ne pas aimer ! Elle était vraiment une jeune fille ardente et spontanée, dont l'énergie cassait une timidité héritée de l'enfance et de l'éducation : une fille modèle qui refusait de n'être que cela, un mélange explosif d'embarras et de hardiesse. Marianne commençait juste à penser par elle-même : venant de comprendre qu'obéir à ses parents et développer son intelligence sont deux choses qui, à partir d'un certain âge, deviennent antinomiques, surtout si l'on a trouvé de bons maîtres et que l'on a des parents trop bien élevés. Sa vitalité utilisait la création pour l'exploration : elle aimait dessiner, peindre et en parler. Comme la jeunesse, elle écrivait des poèmes."

 
 





 

vendredi 27 septembre 2013

6000 nuits - Alain Borbé

L'histoire se situe à Boucainvillier, ville dans laquelle un dictateur, le Commandeur, a interdit la lecture. Esther, jeune fille qui habite cette ville, a un secret : elle est insomniaque. Evidemment, il ne s'agit pas de la petite insomnie banale que vous connaissez peut-être (moi, non ! mais ce n'est pas le sujet...) Bref, cette jeune fille n'a jamais fermé l'œil de sa vie !
Son oncle vient d'être emprisonné pour ne pas avoir respecté le couvre feu et il arrive à lui donner un carnet contenant des inscriptions étranges. Ce n'est pas tout, il lui dit de se rendre dans un quartier mal famé car quelque chose l'attend là-bas... Elle rencontre alors une société secrète, les Bienveillants et découvre pourquoi elle ne dort pas...

Ce roman pour la jeunesse (à partir de 13 ans) m'a beaucoup plu. L'écriture de l'auteur est fluide et agréable à lire. D'habitude, je n'aime pas les histoires fantastiques mais là, André Borbé a su me faire dépasser mes apriori : son histoire est prenante et même si le monde qui évolue sous nos yeux n'a rien de réel, j'ai été séduite. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage d'Ester, sans mauvais jeu de mots, ses insomnies m'ont fait rêver !
Ce roman est un hommage au monde de l'écriture et de la lecture. Tout d'abord, le nom de la ville Boucainvillier est particulièrement bien choisi. De plus, la lecture et l'écriture sont les thèmes centraux de l'œuvre, de quoi réjouir les amoureux de littérature !
Il s'agit donc d'un roman que je recommande vivement, quel que soit votre âge à partir de 13 ans, vous passerez un très agréable moment.

J'ai lu ce livre dans le cadre du Prix littéraire des collégiens de Haute-Savoie.

Voici les premières lignes du roman :

« Marthe déposa son plumeau et ajusta la pile de livres posée au pied du petit bureau. Elle porta la main à son dos en poussant un soupir de soulagement. Elle aimait finir le ménage par cette pièce. Il n’y avait pas grand-chose à ranger dans la chambre d’Esther. Le lit jamais défait, l’oreiller sans un pli, les rideaux toujours maintenus dans leurs cordons de velours. Et pour cause, Esther ne dormait pas dans son lit. Ni dans aucun autre d’ailleurs. À l’âge de seize ans, elle n’avait encore jamais fermé l’œil de la nuit. »



Qui est André Borbé ?


André Borbé, l'auteur belge de ce roman, est ce que l'on peut appeler un artiste complet : non seulement il est écrivain, 6000 nuits est son deuxième roman (son premier s'intitule Le secret des brumes et est paru en 2007) mais il est aussi auteur-compositeur-interprète. Il a pendant longtemps chanté pour les enfants mais il chante aussi maintenant pour les adultes. Si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec lui, voici son site internet.

jeudi 26 septembre 2013

Vie rêvée - Thadée Klossowski de Rola


Vie rêvée est le journal intime de Thadée Klossowski de Rola, fils du peintre Balthus, de 1965 à 1977. Ce jeune homme de 21 ans au début du récit côtoie ce que l’on appelle du « beau monde » : Yves Saint Laurent et Pierre Berger, Andy Warhol, Paloma Picasso, Régine, Françoise Sagan etc. Il tombe amoureux du mannequin Loulou de la Falaise mais c’est un amour compliqué.

Cette lecture m’a plongée dans un monde qui n’est pas le mien, cela aurait pu me permettre un dépaysement agréable mais malheureusement, je suis restée totalement étrangère au milieu décrit. Je n’ai trouvé aucun intérêt aux descriptions des soirées plus ou moins arrosées ni aux « partouzes » de chez Gunter Sachs… Je n’ai nullement été fascinée par le fait que l’auteur soit un ami d’Yves (Saint Laurent), de Pierre (Berger) et de Karl (Lagerfeld). Il est vrai que parfois, Thadée Klossowski de Rola se moque de ce beau monde, il est en quelque sorte un « électron libre » pour qui l’étiquette n’a pas grande valeur (par exemple, il n’hésite pas à dire à Yves Saint Laurent « Je te vole »), en ce point, je le rejoins totalement, malheureusement, malgré tout, je n’ai pas été sensible à ce livre. On pourrait le résumer ainsi : un jeune homme raconte qu’il ne fait rien à part sortir, dîner avec des amis au restaurant et, selon ses propres termes, « piner vite fait » ! Effectivement, si la vulgarité n’effraye pas Thadée Klossowski de Rola, elle n’est pour ma part, pas ma tasse de thé.

Voyant qu’au bout de cinquante pages environ je ne parvenais pas à apprécier cette lecture, je suis allée voir sur internet des interviews de l’auteur ainsi que les nombreux commentaires élogieux que l’on peut trouver sur ce livre. Ainsi je pensais que j’allais enfin, avec un peu d’aide, pouvoir comprendre ce que je n’avais pas compris, apprécier enfin ce qui m’avait échappée… Malheureusement, même après avoir compris ce qui plaisait à d’autres, je ne suis pas parvenue à apprécier cette lecture.
 


L’histoire d’amour entre l’auteur et Loulou aurait pu rendre ce livre beau, émouvant, intéressant mais pour moi, cela n’a jamais été le cas. L’auteur a expliqué ne pas avoir retravaillé son journal, peut-être aurait-il dû, car écrire pour soi et écrire pour être lu sont deux choses différentes et si certains auteurs peuvent publier sans retouches leurs écrits intimes, Thadée Klossowski de Rola est, pour moi, trop vulgaire dans son journal pour pouvoir se le permettre.

Voici un extrait situé au début de l'œuvre (1965) :
"Jeudi 13 mai. - Les beaux jours. Bell partie ce matin pour des photos à Rome. Chaleur d'été, paresse épuisante, et tristesse d'être un peu seul. Rien fait. Malatesta ne m'inspire que des niaiseries, alors qu'il faudrait une sorte d'apologie de la Férocité.
Samedi 15 mai. - Dîner Balthus aux Gobelins, chez les Gaëtan Picon, puis Castel (les jumeaux Tual, Marc Doelnitz avec Handa, jolie Suissesse que je croise tout le temps, qui m'attire beaucoup). Le petit matin des oiseaux."
 
 

lundi 23 septembre 2013

Absences - Alice LaPlante


Absences, thriller de l’auteure américaine Alice LaPlante, nous raconte l’histoire de Jennifer White, ancienne chirurgienne orthopédique, atteinte de la maladie d’Alzheimer et suspectée de meurtre. Comment trouver le coupable alors que la principale suspecte ne se souvient de rien ?
Tout d’abord, avant d’entamer ma lecture, j’étais très intriguée par la présentation de l’éditeur « Ne peut-elle ou ne veut-elle se souvenir de ce qui s’est passé ? ». De plus, la couverture représentant en noir et blanc une chaise tournée dans l’angle d’une pièce a d’emblée évoqué pour moi le vide (en lien avec le titre ?) et la solitude. C’est donc pleine d’interrogations et d’enthousiasme que j’ai débuté ma lecture.

Les premières lignes du roman sont intrigantes. En effet, on comprend d’emblée que la narratrice est Jennifer « la pièce ne m’est pas familière mais j’ai l’habitude. » Le lecteur est placé dans la même position que ce personnage malade : nous non plus  ne savons pas trop où nous sommes. Il en sera de même tout au long du roman, la focalisation interne rend la narration délicieusement troublante. L’esprit de Jennifer apparaît comme fragmenté, il nous appartient de reconstituer le puzzle.
Amanda, la voisine et amie de Jennifer est retrouvée assassinée et soigneusement amputée des doigts d’une main, le roman débute après la découverte du cadavre et on n’assistera à aucune scène sanglante, les amateurs de Jean-Christophe Grangé risquent de se trouver frustrés lors de cette lecture… mais son intérêt réside ailleurs.  Alice LaPlante a un don particulier pour faire évoluer les personnages sous nos yeux. L’image que nous avons de Jennifer se complexifie petit à petit et, dans le même temps, la dégénérescence de son esprit se ressent pleinement dans la narration. Personne n’est celui qu’il semblait être au départ. L’évolution des personnages et de la perception que l’on a d’eux prend une telle importance que, paradoxalement pour ce genre de livre, le meurtre semble parfois passer au second plan. Les attentes du lecteur de thriller sont transgressées et je rejoins totalement la critique du New York Times inscrite sur la couverture du livre : « Définir Absences comme un thriller ce serait le confiner à un genre qu’il transcende. »

Ainsi, cette lecture m’a permis de passer un très agréable moment car la narration et la finesse psychologique conférée aux personnages donnent tout son intérêt au roman.  Toutefois, j’aurais souhaité que le suspense lié à la découverte du coupable soit davantage prenant.

 

Voici les premières lignes du roman :
"Il est arrivé quelque chose. On le sent toujours quand il se passe quelque chose. On revient à soi et l'on découvre le chaos : une lampe brisée, un visage humain ravagé qui se brouille au point d'être méconnaissable. Parfois quelqu'un en uniforme : une aide médicale, un infirmier. Une main vous tend une pilule. Ou s'apprête à vous piquer.
Cette fois-ci, je suis dans une pièce, assise sur une chaise pliante métallique. Elle est glacée. La pièce ne m'est pas familière mais j'ai l'habitude. Je cherche des points de repère. Ca ressemble à un bureau tout en longueur, encombré de tables de travail et d'ordinateurs, de papiers en désordre. Pas de fenêtre.
J'arrive tout juste à distinguer la peinture vert pâle des murs : trop d'affiches, de coupures de journaux, de notices y sont punaisées. Des lampes au néon créent une lumière funèbre. Des hommes et des femmes parlent : entre eux, pas à moi. Quelques-uns portent des costumes mal coupés, d'autres sont en jean. Il y a encore plus d'uniformes. J'ai dans l'idée qu'il serait mal venu de sourire mais sans doute pas d'avoir peur."
 
 

 

 

dimanche 22 septembre 2013

Demandez le programme !


J'ai reçu fin juillet mon colis contenant la pré-sélection de novembre pour le Grand Prix des Lectrices de Elle 2014 et j'ai envoyé au magazine mes critiques, il est donc temps de les partager ici avec vous.

Voici le programme :

- Lundi 23/09 : Absences d'Alice LaPlante (roman policier)
- Jeudi 26/09 : Vie rêvée de Thadée Klossowski de Rola (document)
- Dimanche 29/09 : Cherchez la Femme d'Alice Ferney (roman)
- Mardi 02/10 : Qui ? de Jacques Expert (roman policier)
- Samedi 05/10 : Si tout n'a pas péri avec mon innocence d'Emmanuelle Bayamack-Tam (roman)
- Mardi 08/10 : Mélisande ! que sont les rêves ? de Hillel Halkin (roman)
- Vendredi 11/10 : Fitzgerald : le désenchanté de Liliane Kerjan (document)

Vous trouverez aussi les commentaires fort intéressants des autres jurées pour le prix ELLE sur les blogs dont la liste se trouve à droite !

 

mercredi 18 septembre 2013

Un printemps à Tchernobyl - Emmanuel Lepage

 
Un groupe d'artiste, dont Emmanuel Lepage, part à Tchernobyl pour rendre compte de manière artistique de la catastrophe. Cette bande dessinée est le résultat de ce périple.

J'ai trouvé très original de lire un témoignage sous forme de BD  : mieux qu'une simple description, l'association du texte et du dessin permet au lecteur de voir sans avoir à faire un effort d'imagination, de faire le voyage à Tchernobyl avec le groupe d'artiste (en toute sécurité pour lui !) et mieux qu'un reportage photo, les dessins lui permettent de voir avec les yeux du dessinateur qui superpose dans son œuvre sa subjectivité à la réalité.


L'atmosphère pesante est parfaitement bien rendue, l'ensemble est sombre mais on trouve parfois des touches de couleur. J'ai beaucoup aimé le moment où l'on voit une forêt très colorée et où l'auteur nous explique ceci : "Comment dessiner l'invisible ? J'avais imaginé dessiner des forêts noires, des arbres tordus, décharnés, étranges ou monstrueux... j'avais mes craies noires, mes encres sombres, mes fusains... mais la couleur s'impose à moi [...] dessiner, c'est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. Va pour Pripiat et ses rues vides et grises, mais les forêts bleues ? Quoi alors ? La beauté ? Comment ça la beauté ?" Tout au long de cette BD, l'auteur nous fait part de ses interrogations et nous permet de réfléchir sur l'art, sur la catastrophe de Tchernobyl, sur les comportements humains etc.


Cette bande dessinée fut donc pour moi une belle découverte. Elle est non seulement belle, malgré le sujet, mais aussi très intéressante. J'ai compris par exemple ce qu'ont pu vivre et ressentir les habitants de la zone, certains sont retournés vivre chez eux malgré le danger, ils ne sont à aucun moment critiqués, leur histoire est racontée avec beaucoup d'humanité.
Emmanuel Lepage est aussi l'auteur d'un autre reportage BD, cette fois dans l'Antarctique : Voyage aux îles de la désolation.

lundi 9 septembre 2013

La ruche - Arthur Loustalot


Ce roman est un huis-clos entre trois jeunes filles, Marion, Claire et Louise et leur mère, Alice. Celle-ci n’a pas supporté le départ de son mari et sombre de jour en jour. Pendant ce temps, les trois filles s’isolent dans l’appartement et se souviennent…

Arthur Loustalot a su créer dans son roman une atmosphère intime. Seulement quatre personnages présents évoluent dans cette histoire, dans cet appartement, comme des abeilles dans une ruche. Le cinquième personnage est absent et c’est justement son absence qui fait toute l’intrigue, il s’agit du père. La construction des personnages est fine et subtile, l’auteur ne tombe pas dans la facilité du manichéisme : Alice, la mère, nous apparait au départ comme complètement dérangée mais petit à petit, on apprend que son histoire a fait ce qu’elle est aujourd’hui. Les filles ont, elles aussi, une personnalité complexe et ne sont parfois pas épargnées par l’auteur.

Ce qui fait l’originalité de ce roman est sans conteste le style d’écriture. Les phrases sont hachées et même s’il s’agit d’un huis clos, j’ai eu l’impression à la lecture d’une grande agitation, un peu comme si les personnages étaient cinq abeilles enfermées dans une ruche. Les personnages se coupent la parole, s’énervent parfois, on fume et on boit beaucoup dans ce roman, sans doute pour calmer une grande nervosité intérieure. La ponctuation des dialogues est étrange, elle est floue et l’on ne sait pas toujours qui parle. Ce procédé m’a donné l’impression d’écouter les conversations derrière la porte et de ne pas toujours reconnaître les voix. Arthur Loustalot nous place en position de voyeur ce qui peut nous mettre mal à l’aise par moment. Quand l’une des filles a l’impression que quelqu’un les écoute, on pense bien sûr à Alice, la mère, mais ne parlerait-elle pas aussi de nous ? Petit à petit, la tension grandit et se fait de plus en plus palpable. Il ne se passe pas grand-chose, l’intrigue se résume facilement mais tout l’intérêt réside dans l’atmosphère créée par l’auteur. Sans révéler la fin sous peine de gâcher le plaisir des  lecteurs, on peut dire qu’elle constitue le point d’orgue du roman, la tension atteint son point culminant et l’on referme le livre avec une sensation étrange.

Cette lecture est très particulière, elle m’a parfois mise mal à l’aise. Je pense qu’il s’agit d’une volonté de l’auteur qui a donc parfaitement atteint son but. Ce  roman ne peut que nous intriguer en nous immergeant dans cet appartement à l’atmosphère étouffante. J’ai apprécié cette lecture pour l’originalité de son écriture, il faut avoir beaucoup de talent pour pouvoir créer de telles atmosphères. J’émettrais toutefois une petite réserve : je ne suis pas sûre que ce livre convienne à tous les lecteurs car il est très sombre.

Voici un extrait situé au début de l’œuvre dans lequel on peut percevoir un certain flou dans les dialogues et un début de tension entre la mère et ses filles :

« Alice a traversé le couloir, appuyé plusieurs fois sur la poignée et sans attendre, s’est rendue dans la salle de bains. Oui, elle entend – oui ? Elle fait couler l’eau du lavabo et visse le bouchon du dentifrice. Oui maman ? Elle ne répond pas, la serrure de la chambre de Claire est déverrouillée, la porte de la salle de bain s’ouvre. Alice n’aime pas que les filles s’enferment à clé. Dans la salle de bains, Louise demande : qu’est-ce qu’il y a ? Alice coupe l’eau du robinet. Je dois toujours reboucher les dentifrices. Elle recoiffe sa frange devant le miroir. A votre âge.  Elle frôle Louise et replace les serviettes sur le portant. Pourquoi vous ne rebouchez – maman. Louise replace la mèche blonde qui lui couvre le front et se frotte les yeux derrière ses lunettes. Puis elle prend son bac à lentille sur la machine à laver. Alice se retourne – dans la chambre, Claire et Marion se mettent à rire. »

Un grand merci au site Chroniques de la rentrée littéraire et aux éditions JC Lattès pour ce partenariat !

N’hésitez pas à vous rendre ICI pour découvrir les nouveautés de la rentrée littéraire 2014.
 
 

mercredi 4 septembre 2013

J'ai pas sommeil ! - Jane Chapman


 



C'est l'heure de dormir, Grand-mère hibou va coucher son petit Théo tout en haut de l'arbre. Mais voilà, Théo n'a pas sommeil, il veut jouer, il ne cesse donc de déranger sa Grand-mère qui aimerait bien lire un peu... Finalement, Grand-mère lui propose un jeu original : c'est elle qui va au lit et Théo qui s'occupe de la coucher ! L'effet escompté se produit enfin : le petit hibou tombe de sommeil et réclame (enfin !) d'aller dormir.


















L'histoire de cet album est amusante, la pauvre Grand-mère n'arrive pas à lire son livre et le petit Théo reste malgré tout craquant.
Les illustrations sont très belles, les pages sont entièrement colorées et la typographie épouse parfois le dessin.



Ma choupette aime bien cet album, surtout le passage où Grand-mère chatouille Théo, parce qu'elle aussi a droit à ses chatouilles à ce moment de l'histoire !


13ème lecture pour le challenge  "Je lis aussi des album" de Hérisson