L'histoire débute avant la naissance de Charlotte, à l'époque où sa tante, dont elle héritera du prénom, se suicide. Quand Franziska, la sœur de cette femme a un enfant, elle veut l'appeler Charlotte, son mari ne trouve pas l'idée bonne mais il n'insiste pas. 8 ans plus tard, Franziska se suicide à son tour, mais on ment à Charlotte : sa mère est morte d'une grippe. La petite fille grandit et devient peintre, mais, étant juive, elle est écartée par les nazis et doit s'exiler en France...
Ce livre m'a plu à plusieurs égards. Tout d'abord, je ne connaissais absolument pas cette peintre, j'ai donc lu avec beaucoup de curiosité sa biographie et j'y ai trouvé, d'un point de vue culturel, beaucoup d'intérêts. Evidemment, l'intérêt d'une telle lecture ne peut pas être que culturel, il est aussi humain : le destin de cette peintre est une double tragédie. Tragédie personnelle tout d'abord, car marquée par une épidémie de suicides mais aussi tragédie historique car Charlotte nait durant une guerre et meurt dans un camp de concentration durant la guerre suivante. De plus, l'écriture de David Foenkinos est très particulière, elle est très poétique. Ses paragraphes, très courts, souvent de la longueur d'une phrase, me rappellent la forme du verset, comme si l'auteur voulait opposer la poésie à la terrible tragédie qui est à l'œuvre dans l'histoire. Et pour finir, j'ai beaucoup apprécié le fait que D.Foenkinos nous fasse entrer dans les "coulisses" de sa création : à de nombreuses reprises, il nous fait part de ses hésitations, de ses recherches, de ses surprises. Cela nous permet de voir à quel point son travail est documenté mais surtout d'être avec lui à la recherche de Charlotte, nous nous attachons à chaque page davantage au personnage, comme si c'était nous qui nous étions rendus dans son école, dans son quartier ...
Gouache tirée de la série Leben? oder Theater? (« Est-ce la vie ou du théâtre ? »).
Charlotte a reçu le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des Lycéens.
"Quels sont les premiers souvenirs de Charlotte ?
Des odeurs ou des couleurs ?
Plus probablement, ce sont des notes.
Les mélodies chantées par sa mère.
Franziska a une voix d'ange et s'accompagne au piano.
Dès son plus jeune âge, Charlotte en est bercée.
Plus tard, elle tournera les pages des partitions.
Ainsi défilent les premières années, en musique.
Franziska aime se promener avec sa fille.
Elle l'emmène jusqu'au cœur vert de Berlin, le Tiergarten.
C'est un îlot de paix dans une ville qui respire encore la défaite.
La petite Charlotte observe les corps abîmés et mutilés.
Elle est effrayée de toutes ces mains qui se tendent vers elle.
Une armée de mendiants.
Elle baisse les yeux pour ne pas voir les visages cassés.
Et ne relève la tête qu'une fois dans le bois.
Là elle peut courir après les écureuils.
Et puis, il faut aller au cimetière.
Pour ne jamais oublier.
Charlotte comprend tôt que les morts font partie de la vie.
Elle touche les larmes de sa mère.
Qui pleure sa sœur comme au premier jour de sa disparition.
Certaines douleurs ne passent jamais.
Sur la tombe, Charlotte lit son prénom.
Elle veut savoir ce qui s'est passé.
Ta tante s'est noyée.
Elle ne savait pas nager ?
C'est un accident.
Franziska change vite de sujet.
Tel est le premier arrangement avec la réalité.
Le début du théâtre."
Nous poursuivrons la thématique de la Seconde Guerre mondiale avec les deux prochains billets, l'un consacré à Inconnu à cette adresse et l'autre à L'Ami retrouvé, deux grands classiques de littérature jeunesse.
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