Rechercher dans ce blog

mercredi 22 septembre 2010

Des Crapauds dans la bouche - Isabelle Rossignol



Les parents de Marjorie et Lucile sont en prison, les deux petites filles vivent donc chez leur grand-mère. Marjorie est une petite fille qui aime la poésie, elle dit que ses parents sont en cage comme plage, sage, nage, mage. Lucile, elle, a "des crapauds dans la bouche" et des serpents dans les yeux, elle vit très mal l'emprisonnement de ses parents et devient méchante. Un jour, de nouveaux voisins s'installent, ils ont une fille, Margot, de l'âge de Marjorie. Toutes les deux pourraient devenir de très bonnes amies, mais Lucile décide de "s'amuser un peu" avec cette nouvelle petite voisine.

Le sujet de ce roman jeunesse est intéressant, il y a de quoi construire une belle histoire et soulever des interrogations de la part des jeunes lecteurs, mais ici, il n'y a qu'une histoire plutôt plate. Même s'il s'agit d'un roman pour la jeunesse, l'intrigue aurait pu être plus fouillée, on aurait pu y rencontrer des réflexions ou plutôt des interrogations sur la vie de ces enfants dont les parents sont en prison, mais il n'en est rien. Le personnage de Lucile est intéressant, l'auteur a voulu le nuancer : Lucile est méchante non pas par plaisir mais parce qu'elle est malheureuse, Malgré tout, son portrait n'est pas du tout subtil. Je pense que même dans des romans pour la jeunesse, on peut être ambitieux, les lecteurs ont certes 10 ans, mais si le style est simple, on peut se permettre de parler de choses complexe sans simplifier à outrance.
J'ai donc été déçue par ce roman qui pourtant traite d'un sujet qui peut être très intéressant.

Un extrait :
" Dés qu'on est entrées dans notre chambre, Lucile a jeter son cartable puis elle est allée fermer la porte. Margot l'a regardée faire d'un air mi-étonnée mi-inquiet parce que forcément, elle devait se demander pourquoi Lucile nous enfermait. Mais soit par timidité, soit à cause du visage d'ange que ma soeur avait toujours, elle n'a posé aucune question. Elle s'est juste mise à entortiller ses cheveux entre ses doigts."

dimanche 19 septembre 2010

Les fleurs du mal, l'oeuvre de Baudelaire condamnée - Joseph Vebret


Aujourd'hui, ce n'est pas un roman que je vais présenter mais un document. Il s'agit du procès de Baudelaire présenté par J.Vebret.
En 1857, Charles Baudelaire a 36 ans, son recueil de poésie, Les Fleurs du Mal, connait un succès mitigé quand paraît un article assassin dans le Figaro : "L'odieux y coudoie l'ignoble, le repoussant s'y allie à l'infect.", "Ce livre est un livre ouvert à toutes les démences de l'esprit, à toutes les putritudes du coeur."
Les événements s'enchainent alors très vite, une poursuite va être engagée et il y a menace de saisie. C'est le procureur Ernest Pinard qui prend en charge cette affaire. La même année, il n'a pas pu obtenir la condamnation de Flaubert pour Madame Bovary, il espère obtenir celle de Baudelaire. Finalement, le tribunal ne retient que l'"outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs" mais Baudelaire en est profondément affecté. Il envisage de rédiger une préface afin de s'expliquer dans les éditions à venir de son oeuvre mais il abandonne sur les conseils de son éditeur.
Ce document est très bref mais très instructif et passionnant. Il fournit de plus de nombreuses annexes comme, par exemple, les tentatives de préfaces de l'auteur ou le réquisitoire de Pinard.

Pour le plaisir, voici l'une des pièces condamnée, "Les Bijoux" :

Les bijoux

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

– Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !

mercredi 15 septembre 2010

Une forme de vie - Amélie Nothomb

Parmi les nombreuses lettres qu'elle reçoit de ses lecteurs, Amélie est intriguée par celle d'un soldat américain, Melvin Mapple postée en Irak. Comme elle le fait pour tous ces lecteurs, elle lui répond. L'échange épistolaire devient régulier et Melvin lui révèle un jour que la guerre et ses attrocités l'ont rendu obèse, il mange pour oublier, comme d'autres se drogueraient ou boiraient.

Il y a très longtemps que je n'avais pas lu de roman d'Amélie Nothomb. Celui-ci m'intriguait, j'ai lu des commentaires mitigés sur les blogs, j'ai alors voulu me faire ma propre opinion.
J'aime les auteurs qui sortent des sentiers battus et qui savent me surprendre. Ce roman est effectivement surprenant, le sujet est original et je ne m'attendais pas du tout à la fin. Avis positif me direz-vous ? Eh bien non, malgré toute l'originalité de ce livre, je n'ai pas été conquise : certains passages m'ont mise mal à l'aise, c'est un sentiment que j'éprouve très rarement en lisant un livre. J'aurai pu arrêter ma lecture, mais le livre est tellement bref que j'ai continué pour connaitre la fin et puis peut-être l'ai-je aussi terminé à cause d'une sorte d'attirance-répulsion malsaine... Il n'y a rien de beau, de grand, d'émouvant dans ce roman, on se sent un peu voyeur et on finit obligatoirement par juger Melvin à un moment ou à un autre, ce qui n'est pas très sain. Amélie Nothomb (elle ou son personnage ?) juge aussi beaucoup ses lecteurs, cela m'a aussi mise mal à l'aise car j'étais en train de lire SON livre et je me suis dit que si je lui écrivais (ce qui ne risque pas d'arriver), je ferais sans doute partie de ces gens qui ne sont pas dignes d'elle, qui ne s'expriment pas comme il le faudrait. Je n'ai pas apprécié son mépris envers ses lecteurs, voici un extrait si vous voulez vous faire une idée :
"L'unique omission était l'agacement éprouvé face à la formule : "J'ai voulu attirer votre attention." Combien de fois ai-je lu cette phrase ? Et quel pléonasme ! Ecrire une lettre à quelqu'un, c'est vouloir attirer son attention. Sinon, on ne lui écrit pas.
Mais c'était excusable car ce n'était pas assorti de la phrase qui, neuf fois sur dix, suit cette formule : "Je ne supporterais pas que vous me traitiez comme tout le monde." Cette ineptie connait de nombreuses variantes : "Je ne suis pas comme tout le monde", "Je ne voudrais pas que vous me parliez comme à quiconque", etc. Quand je lis ça, je jette aussitôt le courrier à la poubelle. Pour obéir à l'injonction."

Mon avis rejoindra donc celui de nombreux bloggeurs, je n'ai pas apprécié ce roman.

jeudi 9 septembre 2010

La citation du jeudi

Voici aujourd'hui une citation extraite d'une pièce magnifique, la plus belle selon moi : Phèdre de Racine.
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue,

Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. » - Phèdre (I, 3, v. 273-274)


mardi 7 septembre 2010

Ouragan - Laurent Gaudé



Parmi les sorties de cette rentrée littéraire, j'avais très envie de découvrir Ouragan de Laurent Gaudé : les critiques lues sur le net étaient toutes positives et la couverture m'attirait, cette femme noire sur fond noir est superbe.

L'histoire se déroule à la Nouvelle-Orléans juste avant l'arrivée de l'ouragan Katrina. Nous suivons parallèlement plusieurs personnages. Parmi eux, Joséphine Linc. Steelson, "négresse depuis presque cent ans" est touchante, elle est courageuse, forte mais a ses faiblesses. J'ai beaucoup aimé ce personnage et sa manière de s'exprimer. En effet, Laurent Gaudé adopte un style différent pour chaque personnage. C'est une écriture très particulière, intense et très belle. Dans tous ces récits de personnages, je me suis parfois embrouillé l'esprit, mais c'est souvent le style qui m'a fait comprendre en premier de quel personnage il s'agissait. Le style est très proche de l'ouragan : calme au début, puis petit à petit, au fur et à mesure que s'approche l'ouragan, l'écriture se fait plus vive et stressante.
Quant à l'intrigue, elle est celle  du drame que nous connaissons tous vu à travers les yeux des différents personnages (mais l'ouragan n'est jamais nommé). Ce livre est très beau et pourtant...je n'ai pas accroché...cela ne tient pas du tout à l'écriture que j'ai trouvé superbe mais plutôt à l'histoire, je n'étais pas d'humeur à lire un récit tragique. Je pense y revenir dans quelques temps, quand je serai plus encline à ce genre de lecture. Finalement, c'est un roman superbe que je conseille...à condition d'être prêt à lire ce genre d'histoire.

Un extrait :

"Elle regarde les rues de la ville qui se vident, les grappes de gens qui courent pour évacuer les maisons et elle sait qu'il n'y aura pas de place pour elle. Elle regarde les pères de famille charger les voitures jusqu'à ras bord, prendre des réserves d'essence, elle regarde les mères qui ont des visages tendus et redemandent pour la cinquième fois aux enfants s'ils ont bien pensé à remplir leur gourde, elle regarde tout cela et elle sait qu'elle n'en fait pas partie. Elle reste, elle, parce qu'elle n'a pas de voiture, parce qu'elle ne sait pas où aller et qu'elle est fatiguée. Elle reste, la ville s'agite et elle n'en est pas. Les gens ont peur, suent, se dépêchent pour ne pas perdre une minute et elle n'en est pas. Elle n'a pas vraiment peur, elle ne pense pas à la mort, elle pense juste que ce sera dur, une épreuve de plus. Elle sait qu'elle va être éreintée encore, comme si la vie n'était que cela, et elle s'y résigne."

jeudi 2 septembre 2010

La citation du jeudi

Aujourd'hui, jour de rentrée scolaire, j'ai choisi une citation sur le thème de l'école très connue et tellement vraie ... à méditer ...

" Celui qui ouvre une porte d'école ferme une prison" Victor Hugo.