Absences,
thriller de l’auteure américaine Alice LaPlante, nous raconte l’histoire de
Jennifer White, ancienne chirurgienne orthopédique, atteinte de la maladie d’Alzheimer
et suspectée de meurtre. Comment trouver le coupable alors que la principale
suspecte ne se souvient de rien ?
Tout d’abord, avant d’entamer
ma lecture, j’étais très intriguée par la présentation de l’éditeur « Ne
peut-elle ou ne veut-elle se souvenir de ce qui s’est passé ? ». De
plus, la couverture représentant en noir et blanc une chaise tournée dans l’angle
d’une pièce a d’emblée évoqué pour moi le vide (en lien avec le titre ?)
et la solitude. C’est donc pleine d’interrogations et d’enthousiasme que j’ai
débuté ma lecture.
Les premières lignes du
roman sont intrigantes. En effet, on comprend d’emblée que la narratrice est
Jennifer « la pièce ne m’est pas familière mais j’ai l’habitude. » Le
lecteur est placé dans la même position que ce personnage malade : nous
non plus ne savons pas trop où nous
sommes. Il en sera de même tout au long du roman, la focalisation interne rend
la narration délicieusement troublante. L’esprit de Jennifer apparaît comme
fragmenté, il nous appartient de reconstituer le puzzle.
Amanda, la voisine et
amie de Jennifer est retrouvée assassinée et soigneusement amputée des doigts d’une
main, le roman débute après la découverte du cadavre et on n’assistera à aucune
scène sanglante, les amateurs de Jean-Christophe Grangé risquent de se trouver
frustrés lors de cette lecture… mais son intérêt réside ailleurs. Alice LaPlante a un don particulier pour
faire évoluer les personnages sous nos yeux. L’image que nous avons de Jennifer
se complexifie petit à petit et, dans le même temps, la dégénérescence de son
esprit se ressent pleinement dans la narration. Personne n’est celui qu’il
semblait être au départ. L’évolution des personnages et de la perception que l’on
a d’eux prend une telle importance que, paradoxalement pour ce genre de livre,
le meurtre semble parfois passer au second plan. Les attentes du lecteur de
thriller sont transgressées et je rejoins totalement la critique du New York
Times inscrite sur la couverture du livre : « Définir Absences comme un thriller ce serait le
confiner à un genre qu’il transcende. »
Ainsi, cette lecture m’a
permis de passer un très agréable moment car la narration et la finesse
psychologique conférée aux personnages donnent tout son intérêt au roman. Toutefois, j’aurais souhaité que le suspense
lié à la découverte du coupable soit davantage prenant.
Voici les premières lignes du roman :
"Il est arrivé quelque chose. On le sent toujours quand il se passe quelque chose. On revient à soi et l'on découvre le chaos : une lampe brisée, un visage humain ravagé qui se brouille au point d'être méconnaissable. Parfois quelqu'un en uniforme : une aide médicale, un infirmier. Une main vous tend une pilule. Ou s'apprête à vous piquer.
Cette fois-ci, je suis dans une pièce, assise sur une chaise pliante métallique. Elle est glacée. La pièce ne m'est pas familière mais j'ai l'habitude. Je cherche des points de repère. Ca ressemble à un bureau tout en longueur, encombré de tables de travail et d'ordinateurs, de papiers en désordre. Pas de fenêtre.
J'arrive tout juste à distinguer la peinture vert pâle des murs : trop d'affiches, de coupures de journaux, de notices y sont punaisées. Des lampes au néon créent une lumière funèbre. Des hommes et des femmes parlent : entre eux, pas à moi. Quelques-uns portent des costumes mal coupés, d'autres sont en jean. Il y a encore plus d'uniformes. J'ai dans l'idée qu'il serait mal venu de sourire mais sans doute pas d'avoir peur."
Bon, on espère qu'il ne passe alors, ou si quand-même?
RépondreSupprimerMon avis est vraiment mitigé... je lui ai mis seulement 1 point de moins que "Qui ?"
SupprimerUn roman qui transcende le thriller ? Je demande à lire, bien sûr !
RépondreSupprimerIl change de ce que l'on a l'habitude de lire.
SupprimerJe suis également mitigée, j'ai trouvé qu'il n'avait pas sa place en tant que "policier" mais par contre ferait un très bon roman ou même document !
RépondreSupprimerC'est vrai, l'aspect "policier" n'est pas assez présent, je suis entièrement d'accord avec toi.
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