Tout s’est bien passé
est un document écrit par Emmanuèle Bernheim, romancière et scénariste.
Suite à un AVC, son père, comme bien souvent dans ces
cas-là, est fortement diminué. Lui qui était un homme dynamique et sûr de lui
se retrouve dans cet état qu’il n’accepte pas. Il demande donc à sa fille,
Emmanuelle, de l’aider à mourir. En France, l’euthanasie est interdite mais
l’auteure fait les démarches nécessaires en Suisse auprès d’une association spécialisée
dans ce que l’on zpeut nommer « le droit à mourir dans la dignité ».
Le titre, Tout s’est bien passé, est
la phrase prononcée par la personne qui a accompagné M.Bernheim jusqu’au terme
son suicide assisté.
Le sujet central, l’euthanasie, touche forcément le lecteur,
qu’il soit pour ou contre. Ce n’est pas un sujet neutre, cette lecture ne peut
donc pas être légère. Emmanuelle Bernheim décrit sur les premières pages
l’annonce de l’AVC et la découverte de son père à l’hôpital. Ce sont des
événements que j’ai connus pour une personne qui m’était très chère, cette
lecture m’a été alors très pénible. L’auteure décrit avec une grande précision
l’état dans lequel on se trouve face à une telle annonce mais aussi l’état de
la personne. Mes sentiments face à cette lecture durant les premières pages
étaient très ambigües : j’avais envie d’y mettre un terme tant j’étais
ébranlée, mais dans le même temps, je ne parvenais pas à lâcher le livre car je
découvrais une autre expérience que la mienne face à un événement que j’avais
connu. Beaucoup d’interrogations me sont alors venues à l’esprit sur mon rôle
de jurée d’un prix littéraire : comment noter un tel livre ? Ce n’est
absolument pas le genre d’œuvre que je
lis, au contraire, c’est plutôt un genre que je fuis : je ne lis pas pour
me mettre mal à l’aise. Mais paradoxalement, je le trouve réussi car il m’a
happée. Une lecture est forcément subjective
mais jusqu’à quel point dois-je faire intervenir ma subjectivité dans ma notation pour ce prix littéraire ?
Dois-je retenir le malaise et les idées
noires qu’il a fait resurgir en moi ou alors son style et sa capacité à
faire naître des émotions (quelle qu’elles soient) chez son lecteur ?
Après de nombreuses hésitations, j’ai opté pour la deuxième solution en mettant
de côté ce qui m’a été pénible car, finalement, si le début m’a mise mal à
l’aise, c’est justement parce qu’il est réussi : s’il avait été médiocre,
je ne me serais sans doute pas sentie aussi impliquée personnellement dans
cette lecture.
D’une manière plus générale et moins centrée sur mon vécu,
c’est un document qui est apte à faire réfléchir le lecteur sur l’euthanasie,
on ressort de cette lecture plein d’interrogations. J’ai beaucoup aimé le fait
qu’Emmanuelle Bernheim soit restée centrée sur son histoire et n’ait pas milité
ouvertement pour l’euthanasie. Elle laisse le lecteur se faire ses propres
réflexions et je n’ai pas eu le sentiment qu’elle cherchait à l’influencer dans
un sens ou dans l’autre. J’ai perçu ce livre comme un récit de vie et de mort mais
pas comme un ouvrage engagé.
Pour conclure, Tout
s’est bien passé m’a bouleversée, il fait partie des livres que je
n’oublierai pas et dont le titre aura, désormais, une résonnance particulière
en moi.
Un coup de coeur pour moi aussi. Je le verrais bien gagner le prix.
RépondreSupprimerJe pense qu'il a tout pour gagner.
RépondreSupprimerUn coup de coeur pour moi aussi et ce qui m'a le plus touchée je crois que ce sont les relations compliquées entre le père et la fille... Une histoire d'autant plus forte qu'elle est vraie!
RépondreSupprimerTu finis par un coup de coeur, malgré tes hésitations.
RépondreSupprimerJ'ai énormément aimé aussi
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