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mercredi 3 juillet 2013

Un léger bruit dans le moteur - Gaet's, Jonathan Munos, Jean Luc Luciani

Cette bande dessinée nous raconte l'histoire d'un petit garçon, le narrateur, vivant dans un village perdu habité par des personnages pour la plupart sordides voire monstrueux. Il y a le curé, l'institutrice, la famille Kallifan (le fils Adrien,la mère qui sent mauvais et dont les "gros seins pendent sur son gros ventre"), les Gandriale ( la mère devenue folle, la pauvre petite Laurie et son monstre de père qui la viole) et les Mallavril, rejetés par tout le village parce qu'ils sont noirs, la catin que les pères (sauf Gandriale) vont voir en cachette... Le petit garçon, derrière ses airs innocents, est un tueur : il est persuadé d'être responsable de la mort de sa mère à la naissance, il a tué son frère en faisant croire à un accident de balançoire, rêve d'étrangler le chat de l'épicière et a prévu de tuer tous les gens de son village...

Cette bande dessinée m'a laissée un sentiment très étrange, elle est d'une grande violence, le passage où l'on comprend ce que le père Gandriale fait à sa fille est horrible, on ne voit évidemment rien mais tout est suggéré par les expressions des personnages et le texte : "[...] le père Gandriale fait tout à la maison. Il s'occupe du ménage, des courses, du repas... ainsi que de Laurie. Laurie a toujours les yeux dans le lointain car tout est sale autour d'elle. Elle préfère regarder ailleurs." Le petit garçon tue justement pour supprimer tous ces êtres abjectes et partir découvrir le vrai monde, hors de son village, on est donc par moment entièrement de son côté. De plus, le fait qu'il soit le narrateur nous place de son point de vue et son langage enfantin l'humanise à nos yeux. Le problème est qu'il ne s'arrête pas aux coupables, il assouvit ses besoins de meurtres sur d'autres personnages totalement innocents car son but est de liquider tout le village, il envisage même de tuer la jeune Laurie, mais comme il l'aime bien, elle passera en dernier !
J'ai aussi beaucoup aimé les dessins en monochrome, bleus ou ocres qui m'ont plongée dans cette atmosphère malsaine. J'aime beaucoup le coup de crayon de Munoz, il a un don particulier pour camper ses personnages immoraux.
On ne peut pas rester indifférent face à cette BD qui ne doit pas passer entre toutes les mains. Pour ma part, j'ai été paradoxalement séduite par le sentiment de malaise qu'elle m'a provoquée et j'ai été touchée par ce petit garçon finalement très malheureux dans son village de dégénérés qui ont fini par le pervertir. Cette BD m'a marquée, je pense que je ne l'oublierai pas de si tôt.

2 commentaires:

  1. Bonjour Awa, je dirais que cette BD est... kafkaienne !!! Merci de t'être inscrite au challenge Kafka, bon challenge !

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    1. Je suis d'accord avec toi. Et bon challenge à toi aussi !
      Mon article de présentation du challenge est programmé pour cette nuit (un moment kafkaien !)

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