Rechercher dans ce blog

mardi 11 juin 2013

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - Stefan Zweig

 En 1904, le narrateur se trouve dans une pension bourgeoise sur la Côte d'Azur. C'est alors qu'il apprend lors d'un dîner que Madame Henriette, épouse réputée vertueuse d'un des pensionnaires, a tout quitté pour partir avec un jeune homme qu'elle avait rencontré la veille. On imagine bien le scandale. Cependant, le narrateur aimerait comprendre ce qui s'est produit. Madame C..., "la vieille dame anglaise aux cheveux blancs et pleine de distinction" va lui permettre de comprendre que quelques heures ont pu suffire à Madame Henriette pour prendre sa décision de partir. Elle lui donne rendez-vous dans sa chambre et lui raconte sa propre histoire : une rencontre a bouleversé sa vie en l'espace de vingt-quatre heures. Le roman est donc l'histoire de sa rencontre au Casino avec un homme... Je n'en dis pas plus...

Il y a quelques années, j'ai lu Le joueur d'échec de Stefan Zweig, une œuvre magistrale. J'avais donc très envie de lire une autre œuvre de cet auteur.
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est un roman très court, comme souvent chez Zweig, pour lequel j'ai eu un coup de cœur. L'histoire est prenante, on sait dès la lecture du titre que l'histoire entre Mme C... et l'homme qu'elle a rencontré, ou du moins que le bouleversement dans la vie de cette femme, ne va durer que vingt-quatre heures, les événements s'enchaînent donc très rapidement et j'avais envie de savoir comment allait évoluer leur relation. A la fin de ce roman, on comprend, à l'instar du narrateur, qu'en quelques heures, une vie peut être chamboulée et que Madame Henriette a sans doute vécu une passion foudroyante. J'ai beaucoup aimé le personnage de Madame C..., intelligente, fougueuse et passionnée. Je ne vais évidemment pas révéler la fin mais je vais juste préciser que j'ai été très émue par la chute.
Il n'y a pas que l'histoire qui m'a plu : j'ai aussi été conquise par l'élégance de l'écriture de Stefan Zweig (et du très beau travail de traduction qui a été fait - contrairement au livre de mon billet précédent...). L'écriture est fluide, élégante, on entend parler la très distinguée Madame C..., son langage est riche, élaboré mais en même temps parfaitement compréhensible par tous, cela est un pur plaisir pour nous, lecteurs.
Dans l'édition du livre de poche, le roman est suivi d'une présentation de la vie et de l'œuvre de l'auteur par Isabelle Hausser. Ainsi, on apprend par exemple que Zweig doutait de la légitimité de sa réussite littéraire.
J'ai maintenant très envie de poursuivre ma découverte de cet auteur avec par exemple Lettre d'une inconnue ou la biographie de Marie-Antoinette qui me permettrait de découvrir une autre facette de cet auteur talentueux. A suivre ...

Voici un extrait du roman. Madame C... vient de débuter son récit :
"La seconde année de mon veuvage, c'est-à-dire dans la quarante-deuxième année de ma vie, au cours de cette fuite inavouée devant l'existence désormais sans intérêt pour moi, et pour essayer de tuer le temps, je m'étais rendue, au mois de mars, à Monte-Carlo. A parler sincèrement, c'était pas ennui, pour échapper à ce vide torturant l'âme qui met en nous comme une nausée et qui voudrait tout au moins trouver une diversion dans de petits excitants extérieurs. Moins ma sensibilité était vive en elle-même, plus je ressentais le besoin de me jeter là où le tourbillon de la vie est le plus rapide : quelqu'un qui n'éprouve plus rien ne vit plus que par les nerfs, à travers l'agitation passionnée des autres, comme au théâtre ou dans la musique.
C'est pourquoi j'allais souvent au Casino."


 

dimanche 9 juin 2013

Boucle d'Ours - Stéphane Servant et Laetitia Le Saux


Voici la huitième lecture de ma choupette et moi dans le cadre du challenge  "Je lis aussi des album" de Hérisson. Il s'agit de l'album Boucle d'Ours de Stéphane Servant (auteur) et Laetitia Le Saux (illustratrice).
Ce soir, c'est le grand carnaval de la forêt, tous les animaux doivent se déguiser. Dans la famille ours, chacun se prépare : Papa Ours veut se déguiser en grand méchant loup, Maman Ours sera en Belle au bois dormant et Petit Ours, lui, veut se déguiser en Boucle d'Ours. Quand il entend cela, Papa Ours s'oppose fermement au choix de son fils. En effet, il n'est pas question qu'il se déguise en fille car, selon lui, les jupes roses et les couettes sont "pour les filles, les oursonnes, les femmelettes, les cacahouètes, les hommelettes". A la fin de l'histoire, le Grand Méchant Loup qui s'est déguisé en Chaperon Loup intervient "T'as quelque chose contre les jupes et les couettes ?" Papa Ours est bien obligé de faire marche arrière et de se déguiser en...Cendrillours !!! et il est très beau ainsi !

Ma choupette et moi aimons beaucoup cet album. Ma choupette adore quand Papa Ours se met en colère et que Petit Ours refuse de changer d'avis "Non, non et non, ze veux me déguiser en Boucle d'Ours", et moi j'aime beaucoup cette histoire qui met à mal les clichés sur les filles et les garçons. Cet album peut donc se lire à différents âges : les plus petits riront de l'obstination des deux personnages et les plus grands réfléchirons sur les conventions sociales et les préjugés. J'ai aussi beaucoup aimé les jeux sur les noms "Boucle d'Ours", "Cendrillours"...
Enfin, les illustrations sont belles et mettent bien en évidence les sentiments des personnages.
Bref, c'est un coup de cœur pour nous deux !


vendredi 7 juin 2013

Des nouvelles du Mexique

 
Voyageons un peu et partons pour le Mexique !
 
Des nouvelles du Mexique est, comme son nom l'indique, un recueil de nouvelles d'auteurs mexicains. J'ai beaucoup aimé le fait que chaque nouvelle soit précédée d'une présentation de son auteur car mes connaissances en littérature mexicaine sont nulles ! J'ai ainsi pu découvrir par exemple Antonio Sarabia, auteur important de la littérature ibéro-américaine qui s'intéresse aux sujets historiques et qui aime revisiter les mythes. De ce point de vue, l'édition est donc particulièrement bien faite.
En revanche, un élément a totalement gâché ma lecture, il s'agit de la traduction. Je ne connais pas un mot d'espagnol et je ne connais pas non plus le style des auteurs mais, j'exagère à peine, certaines phrases me donnaient l'impression d'avoir été traduites par la traduction Google, l'emploi des temps m'a parfois choquée : on passe du présent au passé composé puis au passé simple sans raison.

Quand aux histoires, elles sont extrêmement variées, j'ai par exemple assez bien aimé celle d'Antonio Sarabia intitulé : La Mousse sur la pierre. Le narrateur a dix-sept ans, tous ses amis sont "casés" mais pas lui. Il s'invente alors une petite amie : "Maria Inès", il élabore un stratagème complexe pour que tout le monde croie à l'existence de la jeune fille, tout va bien fonctionner jusqu'au jour où...
Ce qui m'a déçue dans ces nouvelles mexicaines est qu'elles se terminent souvent brutalement, un peu en queue de poisson. Quand je lis des nouvelles, j'attends une chute (je pense par exemple aux nouvelles d'Eric Emmanuel Schmitt, ou à Pauvre petit garçon de Buzzati...), mais dans ces textes, la notion de "chute" n'est pas présente, j'ai été un peu déstabilisée à chaque fois que je terminais une nouvelle, mais pas dans le bon sens, je restais sur ma faim à chaque fois.

Ainsi, malgré la présentation intéressante des auteurs, je n'ai pas été emballée par ce recueil que je n'ai d'ailleurs pas terminé.

Voici le début de La Mousse sur la pierre :
"Maria Inès fut tout ce que -avec nos dix-sept ans à peine - je pouvais demander ou connaître chez une femme. Les formes délicates de son corps adolescent satisfaisaient mes impératifs esthétiques encore pudiques et, en même temps, éperonnaient mes désirs les plus obscurs. Elle avait une bouche petite et bien formée aux lèvres exquises, les yeux et les cheveux d'un noir intense qui contrastaient avec la blancheur lisse de son visage. J'ajoute que Maria Inès n'a jamais existé."

mercredi 5 juin 2013

Grand prix des lectrices Elle 2014, j'en suis !!!!


Je n'y croyais plus et puis en ouvrant ma boite aux lettres, j'ai vu une enveloppe marron, une publicité ? non, qu'est-ce que ça peut être ? j'ai alors regardé le cachet de la poste pour voir la provenance : "Asnières, Hauts de Seine", qui peut bien m'écrire de la région parisienne ? ça ne peut être que ... qu'"elle"... "non, ce n'est pas possible" me suis-je dit. J'ai alors, un peu fébrile, ouvert l'enveloppe alors que ma choupette trépignait d'impatience pour aller faire du toboggan, et j'ai vu le petit logo rose que je connais bien ! Ouaouh ! J'ai alors réalisé que les dix mois à venir allaient être mémorables, que j'allais vivre une belle et enrichissante expérience.
Je fais partie du jury de novembre, c'est à dire que je recevrai 7 livres fin juillet à commenter pour le 17 septembre, pendant les grandes vacances, c'est parfait pour moi ! Ensuite, j'aurai 3 livres par mois à commenter, ceux qui auront été choisis par les jurées des autres mois.
Bien entendu, je ne manquerai pas de vous faire part ici de mes lectures !

mardi 4 juin 2013

Un ciel radieux - Jirô Taniguchi

Ce manga raconte l'histoire de Kazuhiro Kubota, père de famille et employé surmené au volant d'une camionette et Takuya Onodéra, un jeune motard. Ils se percutent violemment sur la route. Après quelques jours de coma, Kazuhiro meurt, son âme monte au ciel mais parvient à redescendre sur terre. Tout irait pour le mieux mais son âme se retrouve (par erreur ou pas...) dans le corps de Takuya. Cette situation incroyable va permettre aux deux personnages fondus en un seul de comprendre ce qui compte dans leurs vies respectives.

Après ma découverte de Quartier Lointain, j'ai eu très envie de poursuivre avec une nouvelle œuvre de Jirô Taniguchi. On retrouve dans Un ciel radieux des thèmes déjà présents dans Quartier Lointain, en particulier ceux de la conscience et du corps, des rapports entre les générations ainsi que de la famille. L'auteur a une imagination incroyable pour inventer une telle histoire ! De plus, la présence de deux consciences dans un même corps est très habilement dessinée.  J'ai lu ce manga quasiment d'une traite tellement j'ai été happée par l'intrigue. La psychologie des personnages est intéressante et en plus de cela, il y a de l'action, bref, on ne peut pas s'ennuyer une seconde ! Toutefois, j'ai préféré Quartier Lointain car même si l'intrigue est moins trépidante, elle est plus complexe et subtile.


lundi 3 juin 2013

Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan

Dans ce livre, Delphine de Vigan nous parle de sa mère, Lucile. Grâce aux témoignages des membres de sa famille, elle peut raconter l'enfance de sa mère : celle-ci est issue d'une famille nombreuse qui a connu plusieurs drames. Puis Lucile a grandi, s'est mariée et a eu deux filles : Delphine puis Manon. Une vie qui semble ordinaire mais Lucile était malade, on nomme les personnes comme elle "bipolaires" ou "maniaco-dépressives". Lucile l'était à un degré élevé. Delphine nous raconte l'histoire de sa mère, qui est aussi la sienne...

Autant le dire tout de suite : j'ai adoré ce livre. Ecrire sur sa mère est un exercice difficile, de nombreux écrivains l'ont fait avant Delphine de Vigan (je pense en particulier au magnifique roman de Romain Gary, La promesse de l'aube, ou à Albert Cohen et Le Livre de ma mère). Qu'allait apporter cette jeune auteure ? Ne risquait-elle pas de tomber dans certains clichés ? N'était-ce pas délicat et impudique de parler de la maladie psychiatrique de sa mère ? La plume de Delphine de Vigan évite tous ces écueils : je n'ai trouvé aucun cliché, de plus, elle raconte l'histoire de sa mère avec beaucoup de pudeur et de respect. On sent à la lecture de son récit tout l'amour qu'elle lui porte, elle ne juge pas sa mère, elle raconte des faits et parfois explique qu'elle les a compris bien plus tard (j'ai été très touchée par exemple à la fin du roman quand tout le monde se retrouve et que Lucile reste en haut dans la chambre, Delphine, sur le moment, est agacée, elle le fait savoir à sa mère, redescend et ce n'est qu'après qu'elle comprend l'attitude de sa mère : "Longtemps cette idée m'a obsédée : je n'ai pas été au bon endroit". Les remords sont exprimés brièvement, sobrement mais avec beaucoup de force). A plusieurs reprises, l'auteure fait une pause dans sa narration pour nous livrer ses sentiments, ses doutes au moment de l'écriture, on comprend à ce moment-là toute la difficulté qu'elle a dû éprouver mais on comprend aussi pourquoi elle devait le faire : "Je perçois chaque jour qui passe combien il m'est difficile d'écrire ma mère, de la cerner par les mots, combien sa voix me manque."
C'est donc un récit touchant qui m'a beaucoup émue, c'est un gros coup de cœur pour moi, merci Anne de m'avoir offert ce livre !

J'ai envie cette fois-ci de citer non pas un mais deux extraits de ce roman.
Voici tout d'abord les premières lignes :
"Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tâchées d'encre, au pli des phalanges.
Ma mère était morte depuis plusieurs jours.
J'ignore combien de secondes voire de minutes il me fallut pour le comprendre, malgré l'évidence de la situation (ma mère était allongée sur son lit et ne répondait à aucune sollicitation), un temps très long, maladroit et fébrile, jusqu'au cri qui est sorti de mes poumons, comme après plusieurs minutes d'apnée. Encore aujourd'hui, plus de deux ans après, cela reste pour moi un mystère, par quel mécanisme mon cerveau a-t-il pu mettre tant de temps à accepter l'information qui gisait devant lui ? Ce n'était pas la seule interrogation que sa mort m'a laissée."

Voici maintenant un second passage situé quelques pages plus loin dans lequel l'auteur parle de son écriture :
"Je ne sais plus quand est venue l'idée d'écrire sur ma mère, autour d'elle, ou à partir d'elle, je sais combien j'ai refusé cette idée, je l'ai tenue à distance, le plus longtemps possible, dressant la liste des innombrables auteurs qui avaient écrit sur la leur, des plus anciens aux plus récents, histoire de me prouver combien le terrain était miné et le sujet galvaudé, j'ai chassé les phrases qui me venaient au petit matin ou au détour d'un souvenir, autant de débuts de romans sous toutes les formes possibles dont je ne voulais pas entendre le premier mot, j'ai établi la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter à moi et les risques non mesurables que j'encourais à entreprendre un tel chantier.
Ma mère constituait un champ trop vaste, trop désespéré : trop casse-gueule en résumé."


dimanche 2 juin 2013

Bilan du mois de mai


Nous sommes déjà en juin, il est temps de dresser le bilan du mois de mai écoulé.
J'ai été moins présente sur ce blog et j'ai beaucoup moins lu que d'habitude (beaucoup de travail et beaucoup de fatigue, comme souvent en mai), j'ai mis un temps fou à lire le roman de Werber, je ne l'ai d'ailleurs pas terminé... En revanche, j'ai parlé de mes sorties : je suis allée au théâtre et au salon du livre de Genève, mon blog a donc pu être un peu différent ce mois-ci. Voici le bilan :
- 10 billets publiés
- 2 sorties au théâtre
- 1 visite du salon du livre de Genève.
- J'ai lu 6 livres : 1 album jeunesse (avec ma choupette pour le challenge "Je lis aussi des album"), 2 BD (depuis ma lecture de Quartier Lointain, je prends beaucoup de plaisir à découvrir ce genre qui m'était jusque là quasiment inconnu), 3 romans (ou plutôt 2 1/2 car celui de Werber m'est tombé des mains).

J'ai eu ce mois-ci trois coups de cœur, ils portent sur les deux pièces de théâtre que j'ai vues à la Maison des Arts Thonon-Evian (Circoluna et Terres ! ) et sur la BD Cœur de pierre. Comme mon intention est de désigner fin décembre mon coup de cœur 2013 et qu'il m'est impossible de comparer un livre et un spectacle, je décerne mon coup de cœur du mois à Cœur de pierrequi m'a touchée par la poésie de l'histoire et des dessins.