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vendredi 28 juin 2013

Bacha Posh - Charlotte Erlih

Nous partons avec ce roman en Afghanistan. Farroukh et sa bande d'amis rêvent de concourir aux jeux olympiques pour l'épreuve d'aviron et représenter leur pays. Ils s'entrainent avec leurs moyens modestes. Maude, une française, vient les aider à atteindre leur but, mais, étant une femme, l'équipe de garçons l'accepte difficilement. Progressivement, on devine que Farroukh est en réalité une fille, elle est une "bacha poch", c'est-à-dire une fille élevée comme un fils dans les familles qui n'en ont pas. Elle grandit, à la puberté, elle doit redevenir une femme et porter une burqa. On comprend bien que changer de statut, passer de la liberté à la soumission va être très difficile pour Farroukh qui va faire tout son possible pour résister.

Il s'agit d'un roman faisant partie de la sélection pour le prix des collégiens de Haute-Savoie.

J'ai eu un grand coup de cœur pour ce roman de qualité. Il est publié dans une collection jeunesse (actes sud junior) mais les adultes peuvent y trouver leur compte car les mièvreries que l'on rencontre malheureusement souvent dans ces romans sont ici absentes. L'intrigue est passionnante, à aucun moment je ne me suis doutée de la manière dont allaient évoluer les événements. Tout au long de l'intrigue je me demandais si Farrukh, qui en réalité s'appelle Farrukhza, allait parvenir à échapper au  destin qu'on lui a tracé et si ses amis allaient un jour découvrir la vérité. La fin m'a beaucoup émue.
A partir de la deuxième partie, le roman alterne le récit à la troisième personne et le journal intime de Farroukhza, non seulement cela rythme le récit mais cela nous permet aussi de comprendre ce que peut penser ce personnage dans cette période particulièrement éprouvante de sa vie.
Le père de Farroukh est un féru de littérature française, les références aux œuvres de notre patrimoine sont donc nombreuses, je pense par exemple à La Promesse de l'aube. Les livres ont leur importance dans l'intrigue, une amoureuse des livres comme moi ne peut être que comblée. La réflexion finale sur la littérature m'a touchée, je ne peux pas la révéler mais en voici une autre que j'ai beaucoup aimée, elle se trouve dans le journal de l'héroïne : "Les livres ne parlent que de ça : de ceux qui se battent jusqu'à faire triompher leurs désirs, de ceux qui, malgré leurs efforts, ne réussissent pas à faire plier la réalité, ou de ceux qui baissent les bras sans lutter. De ces trois catégories, les seuls vraiment malheureux sont ceux qui n'essaient pas. Qui renoncent. Qui subissent."

Une Bacha Posh afghane
De plus, cette lecture m'a fait voyager en Afghanistan, j'avais l'impression d'y être réellement, de partager le quotidien des Afghans car l'auteure nous parle de ce pays avec une grande intelligence. Elle a su éviter les clichés et quand elle décrit la condition des femmes, l'écriture reste sobre, les faits sont condamnable d'eux-mêmes, inutile de jouer dans le pathos car la force du discours vient de la simplicité. Il est extrêmement difficile de traiter ce sujet mais Charlotte Erlih y parvient avec une grande finesse. J'ignorai l'existence du phénomène des Bacha Posh, cette lecture est donc très instructive et permet de réfléchir.
Enfin, l'écriture est fine, fluide, agréable à lire elle contribue à rendre ce roman un bijou ! Quel que soit votre âge, je ne peux que vous encourager à le lire.

Voici un extrait situé dans le troisième chapitre, on peut percevoir l'amitié entre Farrukh et Sohrab ainsi que la sensibilité de la jeune fille déguisée :

"Accroupi derrière le métier à tisser, Farrukh noue les franges d'un tapis qu'il vient d'achever. La base du kilim est d'un rouge sang, que rehaussent des motifs géométriques aux teintes plus vives - orange, jaune, vert et blanc. A la vue de cette pièce délicate, Sohrab siffle, admiratif. Tentant de dissimuler le rose qui lui monte aux joues, Farrukh se penche pour rouler le tapis.
Quelques instants plus tard, les deux amis ont quitté la boutique de Malyar. Le tapis sous le bras, ils slaloment entre les Kaboulis qui s'empressent de regagner leur domicile avant le couvre-feu. Le labyrinthe du quartier commerçant n'a pas de secret pour eux, et ils progressent avec assurance dans ce dédale de poussière ocre."




4 commentaires:

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