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lundi 9 septembre 2013

La ruche - Arthur Loustalot


Ce roman est un huis-clos entre trois jeunes filles, Marion, Claire et Louise et leur mère, Alice. Celle-ci n’a pas supporté le départ de son mari et sombre de jour en jour. Pendant ce temps, les trois filles s’isolent dans l’appartement et se souviennent…

Arthur Loustalot a su créer dans son roman une atmosphère intime. Seulement quatre personnages présents évoluent dans cette histoire, dans cet appartement, comme des abeilles dans une ruche. Le cinquième personnage est absent et c’est justement son absence qui fait toute l’intrigue, il s’agit du père. La construction des personnages est fine et subtile, l’auteur ne tombe pas dans la facilité du manichéisme : Alice, la mère, nous apparait au départ comme complètement dérangée mais petit à petit, on apprend que son histoire a fait ce qu’elle est aujourd’hui. Les filles ont, elles aussi, une personnalité complexe et ne sont parfois pas épargnées par l’auteur.

Ce qui fait l’originalité de ce roman est sans conteste le style d’écriture. Les phrases sont hachées et même s’il s’agit d’un huis clos, j’ai eu l’impression à la lecture d’une grande agitation, un peu comme si les personnages étaient cinq abeilles enfermées dans une ruche. Les personnages se coupent la parole, s’énervent parfois, on fume et on boit beaucoup dans ce roman, sans doute pour calmer une grande nervosité intérieure. La ponctuation des dialogues est étrange, elle est floue et l’on ne sait pas toujours qui parle. Ce procédé m’a donné l’impression d’écouter les conversations derrière la porte et de ne pas toujours reconnaître les voix. Arthur Loustalot nous place en position de voyeur ce qui peut nous mettre mal à l’aise par moment. Quand l’une des filles a l’impression que quelqu’un les écoute, on pense bien sûr à Alice, la mère, mais ne parlerait-elle pas aussi de nous ? Petit à petit, la tension grandit et se fait de plus en plus palpable. Il ne se passe pas grand-chose, l’intrigue se résume facilement mais tout l’intérêt réside dans l’atmosphère créée par l’auteur. Sans révéler la fin sous peine de gâcher le plaisir des  lecteurs, on peut dire qu’elle constitue le point d’orgue du roman, la tension atteint son point culminant et l’on referme le livre avec une sensation étrange.

Cette lecture est très particulière, elle m’a parfois mise mal à l’aise. Je pense qu’il s’agit d’une volonté de l’auteur qui a donc parfaitement atteint son but. Ce  roman ne peut que nous intriguer en nous immergeant dans cet appartement à l’atmosphère étouffante. J’ai apprécié cette lecture pour l’originalité de son écriture, il faut avoir beaucoup de talent pour pouvoir créer de telles atmosphères. J’émettrais toutefois une petite réserve : je ne suis pas sûre que ce livre convienne à tous les lecteurs car il est très sombre.

Voici un extrait situé au début de l’œuvre dans lequel on peut percevoir un certain flou dans les dialogues et un début de tension entre la mère et ses filles :

« Alice a traversé le couloir, appuyé plusieurs fois sur la poignée et sans attendre, s’est rendue dans la salle de bains. Oui, elle entend – oui ? Elle fait couler l’eau du lavabo et visse le bouchon du dentifrice. Oui maman ? Elle ne répond pas, la serrure de la chambre de Claire est déverrouillée, la porte de la salle de bain s’ouvre. Alice n’aime pas que les filles s’enferment à clé. Dans la salle de bains, Louise demande : qu’est-ce qu’il y a ? Alice coupe l’eau du robinet. Je dois toujours reboucher les dentifrices. Elle recoiffe sa frange devant le miroir. A votre âge.  Elle frôle Louise et replace les serviettes sur le portant. Pourquoi vous ne rebouchez – maman. Louise replace la mèche blonde qui lui couvre le front et se frotte les yeux derrière ses lunettes. Puis elle prend son bac à lentille sur la machine à laver. Alice se retourne – dans la chambre, Claire et Marion se mettent à rire. »

Un grand merci au site Chroniques de la rentrée littéraire et aux éditions JC Lattès pour ce partenariat !

N’hésitez pas à vous rendre ICI pour découvrir les nouveautés de la rentrée littéraire 2014.
 
 

3 commentaires:

  1. Pas envie d'être mise mal à l'aise en ce moment...

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  2. Un très joli billet sur ce roman et tu as raison, il ne conviendra pas à tous les lecteurs tant il est étouffant. j'aime bcp ton analyse sur "écouter aux portes" et sur le fait que ces 3 sœurs pouvaient très bien parler du lecteur, c'est bien vu !
    Mon billet est plus négatif que le tien, amis cette atmosphère étouffante m'est vite devenue désagréable,
    Au plaisir de te lire,
    Cajou

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