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mercredi 23 octobre 2013

Une faiblesse de Carlotta Delmont - Fanny Chiarello


Une faiblesse de Carlotta Delmont raconte l’histoire de la cantatrice éponyme en voyage  en France en 1927. Un jour, alors que rien ne le laisse pressentir, elle disparaît subitement. Tout le monde, y compris la presse s’interroge…
Le roman se compose de cinq parties totalement inégales pour moi (« Papiers », « Confidences », « Livre de bord », « Le premier baiser d’avril est à moi » et « Légende »).
J’ai adoré la première partie, il s’agit du moment où la cantatrice disparaît. Ce passage est plein d’originalité, Fanny Chiarello, l’auteure, parvient à apporter un souffle nouveau au roman contemporain, rien que cela ! En effet, les formes sont très variées : extrait de journal, note, lettre et même poésie composent ces 75 premières pages. Cette variété confère au roman une grande légèreté, les pages se tournent sans effort, j’ai pris beaucoup de plaisir à ce moment de ma lecture. Le ton est lui-même léger, il se dégage une atmosphère un brin futile, telle que l’on peut  l’imaginer dans la France de 1927. Si l’on associe cet agréable moment de détente à un travail de création que j’ai grandement apprécié, tout semblait présager un coup de cœur pour moi, je ne pouvais plus lâcher ce roman… Mais cela n’a pas duré, les choses ne se sont pas poursuivies comme je l’imaginais.


Passées ces 75 premières pages, nous arrivons à la deuxième partie intitulée « Confidences ». Nous commençons à ce moment-là à comprendre ce qu’a été « la faiblesse de Carlotta Delmont ». Malheureusement, l’enthousiasme qui était le mien au début du roman est retombé comme un soufflé… Non seulement l’originalité dont l’auteure avait su faire preuve auparavant n’est plus présente, mais en plus, mon ennui est allé grandissant. Les lettres et les passages du « Livre de bord » sont long, ils m’ont semblés interminables, on perd totalement l’élan du départ. Pour dire les choses clairement : je me suis ennuyée. A la fin du roman, on retrouve l’esprit particulier du roman avec la pièce de théâtre mais le dynamisme étant perdu depuis 70 pages environ, on peine à le retrouver.
Ce roman m'a donc causé une grande déception...

vendredi 11 octobre 2013

Fitzgerald le désenchanté - Liliane Kerjan


Fitzgerald le désenchanté est une biographie écrite par Liliane Kerjan. Ce document nous permet de faire connaissance avec l’auteur américain ainsi qu’avec son épouse Zelda. Le couple, très en vogue dans les années 1920, a connu par la suite la maladie, l’alcool et la déchéance.

Cette biographie est très documentée, Liliane Kerjan a accompli un travail titanesque pour réunir toutes les informations qu’elle nous délivre. On se rend compte lors de la lecture des recherches importantes qu’elle a dû effectuer : l’œuvre de Scott, évidemment, mais aussi correspondances diverses, documents historiques etc.

Ce livre est captivant à plusieurs égards : tout d’abord, je ne connaissais que peu de choses sur l’auteur de Gatsby, j’ai ainsi pu combler mes lacunes sur cet auteur. Ensuite, lire la biographie de Fitzgerald, c’est aussi découvrir l’époque dont il est un emblème : les années 1920 en France et en Amérique. Les lecteurs intéressés par l’histoire s’enthousiasmeront par l’atmosphère que l’auteure parvient à ressusciter. Enfin, et c’est ce qui m’a le plus séduite dans cette lecture, l’œuvre de  Francis Scott Fitzgerald est analysée avec beaucoup de finesse et mise en parallèle avec sa vie ; par exemple, page 141, Liliane Kerjan assimile Scott au narrateur de Gatsby le magnifique : « Il est vaguement inquiet, comme le narrateur de Gatsby, qui donne une vision triste de la trentaine, âge qui contient la promesse de dix ans de solitude […] ». Finalement, cette biographie, c’est de la littérature qui parle de la littérature, bref, cela ne peut être que passionnant !
Concernant le style, il est à la fois accessible et élégant. Les phrases sont fluides et le langage est soutenu sans être pédant, cette lecture fut pour moi un agréable moment.
Maintenant que j’ai terminé ce livre, j’ai très envie d’approfondir ma connaissance de Fitzgerald en lisant certaines de ses œuvres que je ne connais pas, ce livre se termine par une bibliographie fort intéressante qui me permettra de faire mon choix. J’ai aussi l’intention de lire la biographie de Zelda récemment parue car ce personnage m’intrigue et je me suis plus attachée à elle qu’à Scott car sa sensibilité et sa maladie m’ont touchée.

Pour conclure, cette lecture a donc été pour moi non seulement agréable mais très instructive, ce livre fait partie de ceux qui m’ont positivement marquée.

Voici les premières lignes du livre dans lesquelles l'auteure pique habilement notre curiosité :
"Avant de croquer le diamant
Qu'est-ce qui nous fascine tant chez Scott Fitzgerald ? Ses folles fêtes nocturnes ou sa petite musique de nuit ? Les palmiers d'Hollywood, les tapages de New York ou le tapis brûlant de ses plages dorées ? Le gaspillage et la dissipation de sa vie ou le rêve épique des pionniers et des pères qu'il n'a cessé de vénérer ? Est-ce l'émerveillement du provincial du Middle West ou la fêlure de l'Inconstant ? La légende d'un homme qui passe vingt ans de sa vie à s'amuser ou la magie de ses nouvelles ? L'endroit du décors ou l'envers du banquet ? Les deux, bien entendu. Tout à la fois ses costumes trois pièces de dandy et ses vieux pulls de laine irlandaise. La voix d'une génération qui chevauche vers une nuit romantique et son jazz des adieux."
 
 
 

 

mardi 8 octobre 2013

Mélisande ! Que sont les rêves ? - Hillel Halkin


Mélisande ! Que sont les rêves ? de Hillel Halkin nous emporte dans le New York des années 1950. Le narrateur, surnommé Hoo, est amoureux de Mélisande depuis leur rencontre au club journal du lycée. Elle tombera dans les bras de son meilleur ami Ricky dans un premier temps mais se tournera vers Hoo après la crise de folie de Ricky après un voyage en Inde. Le roman racontera ensuite leur histoire d’amour.

Toute l’originalité de ce roman réside dans l’énonciation : le narrateur est Hoo et il s’adresse tout au long du roman à Mélisande en la tutoyant « Tu nous as invités à dîner ». Ainsi, les lectrices se sentent petit à petit concernées et finissent par s’identifier totalement à Mélisande. On a l’impression que ce roman, qui est une longue lettre de Hoo pour celle qu’il aime, nous est adressée. Ce choix d’écriture est habile et poétique.

Cette histoire d’amour ne m’a, malgré tout, pas envoûtée, je me suis ennuyée du début à la fin. Je pense que cela vient des longueurs trop nombreuses : les actions sont délayées et paraissent sans fin, à plusieurs reprises, j’ai eu envie de dire à l’auteur : « oui, on a compris ». Le fait de ralentir l’action, non au profit de la psychologie des personnages mais pour des digressions souvent inutiles, nous fait perdre de vue l’essentiel, on arrive presque à oublier l’histoire d’amour entre les deux protagonistes. Le début en particulier est très long, l’action tarde trop à mon goût à se mettre en place.

Cependant, il faut reconnaître que l’écriture de l’auteur est belle et très poétique. Hillel Halkin est un poète, non seulement son écriture nous le montre mais la poésie est aussi centrale dans ce roman, le choix du titre, issu d’un poème de Heinrich Heine, en est la preuve.

Ce roman a donc des qualités indéniables mais ses longueurs font que je l’oublierai vite.
 
 

 

samedi 5 octobre 2013

Si tout n'a pas péri avec mon innocence - Emmanuelle Bayamack-Tam


Si tout n’a pas péri avec mon innocence, roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, nous raconte l’histoire de Kimberly, plus précisément son adolescence puisque le roman s’ouvre lorsqu’elle a neuf ans et se termine quand elle en a dix-huit. Kimberly est née dans une famille nombreuse et ses parents sont des adultes qui ne donnent pas envie de grandir tant ils sont puérils, irresponsables et égocentriques. Kim est passionnée de littérature et voue une admiration sans limite à Baudelaire. C’est la poésie qui lui permettra de sortir la tête hors de l’eau lors des événements traumatisants de sa vie, elle se fera même tatouer des alexandrins sur les poignets tant la littérature lui colle à la peau.

Emmanuelle Bayamack-Tam a instillé beaucoup d’humour et de provocations dans ce roman, je resterai marquée par le passage avec les grenouilles qui est très surprenant et qui vient confirmer le ridicule de Gladys (la mère de Kim). De même, la première phrase m’a beaucoup plu car elle bouscule d’emblée le lecteur et donne le ton du livre : « Quand ma grand-mère tente de refermer les cuisses, la sage-femme l’en empêche et entreprend de bouchonner sans ménagement son périnée endolori », on imagine à ce moment-là une vieille dame en train d’accoucher sans réaliser immédiatement que la narratrice évoque la jeunesse de sa grand-mère. J’ai ri à plusieurs reprises lors de ma lecture alors que l’histoire de l’héroïne n’a rien de drôle car la mort et la prostitution font partie de son adolescence, on oscille entre comédie et tragédie, on passe de l’un à l’autre sans transition. Certains passages manquent de vraisemblance, la rencontre entre la sage-femme et Kim me parait surfaite mais, ce roman ne cherche pas le réalisme, il cherche plutôt à nous distraire en nous emportant dans son univers, et c’est réussi !

Les personnages de ce roman sont intéressants et bien caractérisés par l’auteure. Je me suis attachée à Kim, cette jeune fille est à la fois forte et fragile, j’ai trouvé très intéressant le fait de la voir évoluer dans cette période charnière de sa vie. Les membres de la famille de la jeune fille sont décrits avec un peu moins de subtilités mais ils n’en restent pas moins intéressants : ils ont leurs fragilités et sont, pour certains, comiques malgré eux. Quant au personnage de Gladys (la sage-femme) je l’ai trouvée très déplaisante : non seulement elle encourage une jeune fille de 18 ans à se prostituer, mais en plus, ses réflexions sur les rapports hommes/femmes sont à mon sens bourrés de clichés et très réducteurs. L’auteur la rend si sûre d’elle quand elle donne ses opinions que j’en ai été agacée, ce personnage croit tout savoir, avoir tout vu, tout vécu et tout connaître de la nature humaine…

L’intrigue est bien ficelée et l’auteure sait capter l’intérêt de son lecteur aussi bien par les annonces qui ménagent un certain suspense (je pense en particulier à l’annonce de la tragédie concernant l’un des deux frères) que par la construction du roman en chapitres courts. Ainsi, les pages se tournent sans que l’on s’en rende compte.

Cette lecture a donc été très agréable pour moi malgré mes réticences de départ. Celles-ci ne sont absolument pas dues à l’auteure mais à l’éditeur : j’aime avoir une idée de ce que je vais lire par la quatrième de couverture, or, ici, elle est minimaliste et l’on n’a d’information ni sur l’histoire ni sur les tonalités du roman. Ce n’est donc pas un livre vers lequel je serais allée spontanément en librairie et je serais passée à côté des bons moments qu’il m’a procurés.
Voici les premières lignes du roman :
"Quand ma grand-mère tente de refermer les cuisses, la sage-femme l'en empêche et entreprend de bouchonner sans ménagement son périnée endolori. Ma grand-mère ferait bien d'interroger la signification de cette brutalité, mais comme elle a toujours eu le chic pour profiter des bons moments, elle s'accorde le répit que lui laissent la paix retrouvée de ses viscères et l'escamotage fulgurant de son nouveau-né. Elle promène distraitement la main sur son ventre effondré et a juste le temps d'en percevoir les dernière contractions, la réplique mourante du grand chambardement, avant d'être délivrée d'un placenta dont elle ignorait l'existence et qui s'expulse d'elle en trois soubresauts voluptueux."

 

jeudi 3 octobre 2013

Bilan juillet, août, septembre... du retard à rattraper !


A l'heure de faire le bilan du mois de septembre, je me rends compte que je n'avais pas fait celui de l'été. Ce n'est finalement pas plus mal car ma participation au prix ELLE m'a fait décaler mes parutions, j'ai publié en septembre des critiques sur romans que j'ai lus en août.
Voici donc le bilan de ces trois mois :

J'ai publié 21 billets et j'ai lu 15 livres :
- 5 romans (en réalité 7 mais 2 commentaires paraîtront en octobre)
- 1 document (en réalité 2 mais mon commentaire sur le 2ème paraîtra en octobre).
- 2 policiers (en réalité 3 mais un commentaire est paru le 1er octobre)
- 2 BD
- 1 roman jeunesse
- 4 albums avec ma choupette.

Parmi cette liste, 2 coups de cœurs : No et moi de Delphine de Vigan et Cherchez la femme d'Alice Ferney.

Je décerne le coup de cœur du mois (ou plutôt des 3 mois ...) à Cherchez la femme car ce roman m'a émue, il a eu une résonnance particulière en moi et j'ai adoré le style de l'auteur.


 
 


mercredi 2 octobre 2013

Qui ? - Jacques Expert

En 1994, à Carpentras, la petite Laetitia Doussaint est violée et assassinée. La police mène son enquête mais d’erreurs en faux pas, l’enquête reste non résolue. Dix-neuf ans plus tard, l’émission « Affaires non résolues » traite de ce meurtre, quatre hommes et leur femme sont devant leur poste de télévision et le lecteur saura à la fin de l’émission (et du roman) lequel est le meurtrier.

Le type de crime choisi par l’auteur est très dur car il s’agit du viol et de l’assassinat d’une petite fille de 10 ans. Un lecteur sensible pourrait par moment être mal à l’aise car, bien que la scène de meurtre soit peu décrite, elle est bien plus touchante et violente que n’importe quelle description, même détaillée, d’un meurtre d’adulte. Dans le même temps, ce choix pousse le lecteur à vouloir connaître le coupable à tout prix et à le traquer au fil des pages.En ce qui concerne l’écriture, elle est d’une originalité remarquable. La construction de ce roman policier est tout simplement géniale : non seulement les points de vue sont alternés, le lecteur passe la soirée tour à tour avec Simon, Eric, Hervé et Antoine mais en plus certains chapitres intitulés « ELLE » ou « LUI » nous font entendre directement les pensés du criminel et de son épouse sans que l’on sache qui se cache derrière les pronoms personnels. Ce procédé donne tout son sel à l’intrigue car le lecteur est balloté de certitude en certitude, son esprit est en ébullition durant plus de 300 pages. L’auteur parsème çà et là des mots, anodins au premier abord, mais qui font douter son lecteur : « jardinage », « ce fumier »… qui jardine ? qui utilise l’expression « ce fumier ? » On ne peut rester passif durant cette lecture. J’ai beaucoup aimé les moments que m’ont fais passer ce polar… jusqu’à l’avant dernière page où le nom du meurtrier est révélé car je l’avais trouvé ! Même si Jacques Expert a ébranlé mes certitudes à de nombreuses reprises, je suis restée sur ma position et le fait d’avoir raison a en partie gâché mon plaisir car en matière de roman policier, j’aime me faire avoir. Se rendre compte qu’un auteur nous a littéralement bernés par sa ruse et son machiavélisme est un sentiment jubilatoire et j’imagine que les lecteurs qui n’ont pas identifié le bon criminel l’ont ressenti… mais malheureusement, ce ne fut pas mon cas.