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dimanche 31 octobre 2010

La vie devant soi - Romain Gary (Emile Ajar)


Il y a deux mois, j'ai été conquise par La Promesse de l'Aube de Romain Gary. C'était le premier livre de cet auteur que je lisais et j'ai eu envie de poursuivre mes découverte avec lui, j'ai donc lu son roman le plus connu : La vie devant soi.

Le jeune Momo est un fils de prostitué, il est élevé avec d'autres enfants par Madame Rosa, une vieille juive, au sixième étage d'un immeuble de Belleville.
Momo est le narrateur de cette histoire, il a à peu près dix ans et il nous raconte donc sa vie avec son regard et ses mots d'enfant, il ne comprend pas toujours tout ce qui se passe autour de lui mais finalement, il en comprend parfois bien plus que les adultes. Il y a entre Rosa et Momo une belle histoire d'Amour, quand la vieille juive tombe malade, le jeune garçon fait tout pour respecter les dernières volontés de sa maman adoptive.

Le langage est souvent cru mais cela n'enlève rien à la poésie de ce magnifique roman, je dirais même au contraire qu'elle la renforce. Momo, comme tout les enfants, nous fait rire par sa naïveté, il décode le monde à sa manière mais est parfois dans le vrai.  Madame Rosa n'a plus "la vie devant elle", Momo le comprend bien, ce roman parle admirablement de la vie, de la vieillesse, de la mort et de l'amour. Les sentiments qu'éprouve un enfant lors de la déchéance d'un être cher sont décrits tout en subtilité, c'est ce qui rend cette histoire encore plus belle. De plus, la déchéance de Madame Rosa, parce qu'elle est vue par un enfant, est dite avec une légèreté qui contraste avec la réalité et qui rend les sentiments du personnage et du lecteur plus forts encore.
Je me lasse parfois des romans dont le narrateur est un enfant, mais ici, ce ne fut jamais le cas, je me suis beaucoup attachée à Momo et à Rosa, je suis définitivement conquise par ce grand auteur qu'est Romain Gary.

Voici un extrait situé au début du roman dans lequel Momo exprime son amour pour Madame Rosa, je l'ai trouvé superbe et poignant :


"Au début, je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l'ai appris, j'avais déjà six ou sept ans et ça m'a fait un coup de savoir que j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et qu'on était quelqu'un l'un pour l'autre. J'en ai pleuré toute une nuit et c'était mon premier grand chagrin.
Madame Rosa a bien vu que j'étais triste et elle m'a expliqué que la famille ça ne veut rien dire et qu'il y en a même qui partent en vacances en abandonnant leur chien attachés à des arbres et que chaque année il y a trois mille chiens qui meurent ainsi privés de l'affection des siens. Elle m'a pris sur les genoux et elle m'a juré que j'étais ce que j'avais de plus cher au monde mais j'ai tout de suite pensé au mandat et je suis parti en pleurant."

Ce roman rentre dans le cadre du défi "J'aime les classiques" de Marie L.